France

Le Pen sur l'Ukraine : «Nous l’avons poussée à poursuivre une guerre qui est devenue un véritable massacre»

Crise politique en France, guerre en Ukraine, accord de libre-échange : dans une interview à El Pais publiée le 19 décembre, la présidente du groupe Rassemblement national à l'Assemblée nationale est revenue sur plusieurs points chauds de l’actualité. Celle-ci s’est, notamment, montrée particulièrement critique à l’endroit de Bruxelles.

Marine Le Pen, leader du Rassemblement national (RN), a partagé sa vision des derniers développements dans une interview au quotidien espagnol El Pais publiée le 19 décembre. Elle n’a pas mâché ses mots à l'encontre d'Emmanuel Macron et de l’Union européenne, et a critiqué l'approche du conflit ukrainien.

La députée du Pas-de-Calais a directement ciblé Emmanuel Macron, l'accusant d’être responsable de l’instabilité politique en France. «Il a généré mille milliards de dettes en sept ans [...] et il vient de nommer François Bayrou comme Premier ministre, mais en réalité, il s’est nommé lui-même», a-t-elle lancé au quotidien espagnol.

Selon elle, cette gestion aurait compliqué la situation économique et politique du pays. Elle affirme aussi que son parti, fort de ses 11 millions de votants, continuera d’exercer des pressions parlementaires si les intérêts des Français ne sont pas pris en compte.

Interrogée sur la nomination de François Bayrou comme Premier ministre, elle rappelle : «Bayrou doit se rappeler qu’il n’a pas été nommé pour développer sa politique, mais pour construire un budget en tenant compte des trois grandes forces de l’Assemblée nationale».

«La Commission européenne est devenue une entité toute-puissante»

Marine Le Pen se décrit comme «profondément eurosceptique», tout en assurant ne pas être «contre l’Europe». Dans son collimateur : le fonctionnement de l'UE, sur fond d'accord de libre-échange avec le Mercosur, qui selon elle est «antidémocratique, antinational et totalement contraire aux souverainetés des nations».

«Quand un pays ne peut plus défendre ses intérêts vitaux, je ne pense pas que ce soit la démocratie», a-t-elle dénoncé. Les fautifs ? «Les dirigeants politiques français et européens, qui ont permis à la Commission de devenir une entité toute-puissante.»

Elle a par ailleurs évoqué l’immigration, plaidant pour une réforme radicale de la libre circulation au sein de l’espace Schengen, qu’elle juge incompatible avec les réalités des États membres. «Nous devons abolir la libre circulation des personnes et la limiter aux seuls ressortissants des pays de l’espace Schengen», a-t-elle insisté.

«l’Ukraine ne pouvait pas gagner ce conflit»

Interrogée sur une poursuite des livraisons d’armes à Kiev, Marine le Pen élude la question, assurant que le conflit «va se terminer».

«Je l’ai dit dès le début, l’Ukraine ne pouvait pas gagner ce conflit. Nous l’avons poussée à poursuivre une guerre qui est devenue un véritable massacre de la population militaire et civile», a-t-elle déclaré. Avant de poursuivre : «La seule façon pour l’Ukraine de gagner était que l’OTAN intervienne, ce qui aurait été la Troisième Guerre mondiale.»

Selon la députée du Pas-de-Calais, sous l'impulsion de Donald Trump, il devrait y avoir une solution diplomatique. Quant au «danger» que le président russe représenterait selon certains, Marine Le Pen répond au journaliste qu'elle «ne pense pas que Poutine ait l’ambition ou les moyens de conquérir l’Europe, comme on le prétend souvent». 

Vers une possible disqualification politique ?

Le 31 mars prochain, Marine Le Pen pourrait faire face à un verdict judiciaire concernant des accusations de détournement de fonds européens.

Malgré cette incertitude, elle demeure confiante : «Les Français ont pris conscience que certains magistrats se sentent en droit d’influencer directement les élections. [...] Si les juges suivaient les recommandations du procureur, nous serions confrontés à un véritable conflit de légitimité.»

Marine Le Pen réfute également toute tentative de manipulation de l’agenda politique : «L’idée que je tente de faire démissionner Macron avant cette date est absurde.»