L'armée ukrainienne n'est plus vraiment dans la fleur de l'âge, à en croire le Guardian, qui dans un article publié le 21 décembre dresse le portrait d'une armée «épuisée [...] de plus en plus composée d’hommes âgés» ou d'individus peu aptes à prendre part à des opérations de combat.
«Les gens que nous recevons aujourd’hui ne sont pas comme ceux qui étaient là au début de la guerre», a confié au quotidien britannique un soldat de la 114e brigade de défense territoriale. «Nous avons récemment reçu 90 hommes, mais seuls 24 d'entre eux étaient prêts à prendre position. Les autres étaient âgées, malades ou alcooliques», a-t-il ajouté, dépeignant des hommes pouvant à «peine tenir une arme [...] mal entraînés et mal équipés».
Cette situation intervient alors que Volodymyr Zelensky a refusé d'abaisser l'âge de la conscription de 25 à 18 ans, souligne le Guardian, et que «l'armée a du mal à trouver suffisamment de personnes pour combler les lacunes sur le front». Une analyse qui survient quelques jours après que le secrétaire d'État britannique à la Défense ait annoncé envisager l'envoi en Ukraine de soldats de Sa majesté afin d'y former les Ukrainiens.
Londres veut aider Kiev «à motiver et mobiliser davantage de recrues»
«Nous [devons] faciliter l’accès des Ukrainiens et nous [devons] travailler avec les Ukrainiens pour les aider à motiver et mobiliser davantage de recrues», a déclaré au Times le ministre britannique de la Défense John Healey, lors d'un déplacement à Kiev le 18 décembre.
Cette pénurie de personnel est si grave que «l'état-major ukrainien a ordonné aux unités de défense aérienne déjà épuisées de libérer davantage d'hommes pour les envoyer au front en tant qu'infanterie», relate le Guardian citant deux dans la défense aérienne. «La situation atteint un niveau critique où nous ne pouvons pas être sûrs que la défense aérienne sera en mesure de fonctionner correctement», a déclaré l'une de ces sources.
Une situation qui n'est pas nouvelle. En novembre, le Financial Times avait rapporté des propos du colonel Yuriy Ignat, de l'armée de l'air ukrainienne, selon lesquels des membres de l'armée de l'air avaient été transférés dans des unités de première ligne. Des affirmations démenties ensuite par un porte-parole de l'armée ukrainienne. Quelques mois plus tôt, en mai, la presse britannique rapportait déjà que Kiev entendait envoyer au front un certain nombre d'officiers généraux pour regarnir les rangs.
«Avec le personnel libéré, il est prévu de reconstituer les unités aux niveaux opérationnel et tactique, ainsi que les unités de combat militaires», avait déclaré à ce sujet le général de brigade Yevhen Ostryansky, chef de la planification de la défense militaire ukrainienne, cité par le Telegraph.
Ce manque de soldats, souligne le Guardian, «a envenimé les relations entre Kiev et Washington» au cours des derniers mois, des responsables de l'administration Biden étant «irrités par le fait que Zelensky, et d’autres responsables exigeaient fréquemment plus d’armes, mais n’étaient pas en mesure de mobiliser les effectifs nécessaires pour remplir les rangs».