«Un groupe de 42 personnes, dont des réfugiés et des demandeurs d'asile, affirme avoir été expulsé du gouvernorat de Sfax, [ville côtière du centre de la Tunisie] et emmené jusqu'à la frontière algérienne, près d'Oum El Araies, dans la région semi-désertique de Gafsa [sud-ouest de la Tunisie]», a déclaré le 29 août à Al Araby Romdhane Ben Amor, porte-parole de l'ONG Le Forum tunisien des droits économiques et sociaux (FTDES).
Il a également affirmé suivre la situation depuis trois jours et avoir perdu le contact avec le groupe. «Ils n'ont ni eau ni nourriture et se trouvent dans une zone très isolée», a-t-il fait savoir.
La Tunisie, aux prises avec un mélange complexe de défis économiques et sociaux, peine à gérer l'afflux croissant de personnes en quête de sécurité et de meilleures conditions de vie.
Aujourd'hui l'un des principaux points de départ des migrants qui risquent la périlleuse traversée clandestine de la Méditerranée dans l'espoir de rejoindre l'Europe, ce pays nord-africain abrite «temporairement» ces candidats à la migration irrégulière.
La Tunisie suffoque, l’Italie respire
Pendant ce temps, les autorités italiennes se réjouissent d’une baisse de 65% des arrivées clandestines par rapport à l’année précédente. Cette nette diminution a été annoncée par le département de l’Intérieur, précisant que le nombre des migrants arrivés entre le 1er janvier et le 27 août 2024 était de 40 138, contre 113 469 sur la même période en 2023. Les données officielles concernant les entrées clandestines sont mises à jour de manière hebdomadaire sur le site officiel du ministère italien de l’Intérieur.
Cette diminution des arrivées clandestines est en grande partie le résultat des accords diplomatiques négociés par le gouvernement de Giorgia Meloni avec les autorités tunisiennes et libyennes. En décembre 2023, Matteo Piantedosi, ministre italien de l'Intérieur, avait souligné dans le journal La Stampa que cette coopération internationale avait déjà permis de «bloquer la moitié des arrivées» de migrants en Italie.
Ces accords ont entraîné une augmentation significative des rapatriements, avec plus de 9 000 migrants renvoyés en 2024, principalement vers la Libye et la Tunisie. Cette mesure a contribué à réduire le nombre de migrants débarquant en Italie et a renforcé les efforts de contrôle des frontières dans la région méditerranéenne.
Début août, la diplomatie tunisienne a réitéré son engagement à ne pas devenir un point de transit ni un lieu de résidence pour les migrants illégaux. «La Tunisie refuse d’être une plateforme de transit ou un lieu de résidence temporaire ou permanente pour les migrants irréguliers», a réaffirmé l’ancien ministre tunisien des Affaires étrangères, Nabil Ammar.
Ce pays maghrébin se trouve à la croisée des chemins face à la migration, jonglant entre la gestion humanitaire des flux croissants et ses propres défis économiques.