France

Politique française : «disponible», Ségolène Royal se dit prête pour Matignon

L’ancienne candidate à la présidentielle Ségolène Royal s’est déclarée disponible pour le poste de chef de gouvernement le 29 août. Après des semaines de tractations, le président Macron n'a toujours pas nommé de Premier ministre.

«Soit le président de la République a déjà fait son choix […] soit il n’a pas fait son choix et compte tenu des appels que je peux recevoir ou des indications que je peux observer, et des réponses négatives qui sont données ici ou là, oui, je suis disponible.» Candidate malheureuse à l’élection présidentielle de 2007, plusieurs fois ministre et députée, Ségolène Royal fait acte de candidature pour le poste de Premier ministre. Sur le plateau d’une chaîne d’information en continu, l’ex-compagne de François Hollande a envoyé des signaux au président Macron.

Royal présente son programme

Âgée de 70 ans, Ségolène Royal dispose d’une longue expérience politique. Elle semble d’ailleurs avoir déjà tout un programme en tête. Elle affirme ainsi vouloir «constituer un gouvernement d’union républicaine sur trois priorités». Reprenant son thème de campagne de 2007, «l’ordre juste», elle le décline dans les domaines «économique, social, écologique et sécuritaire». Elle évoque ensuite «l’avenir des jeunes» et enfin «le rétablissement des comptes publics», une question qu’elle s’étonne de ne pas voir aborder alors que la France «a 3 000 milliards de dettes», ajoutant que «c’est une question de souveraineté nationale». En évoquant les comptes publics, l’ancienne élue socialiste fait un appel du pied au centre, alors que la coalition de gauche du Nouveau Front populaire évoque très peu cette question et est souvent critiquée par la droite et le centre pour son programme considéré comme coûteux.

Ségolène Royal semble écarter un simple poste de ministre : «Je ne vous ai pas dit que je suis disponible pour rentrer dans une équipe, je vous ai dit que je suis disponible pour constituer un gouvernement, pour Matignon.» Elle tempère cependant son propos lorsqu'on l'interroge à nouveau : «Matignon ou rien ? La question ne se pose pas pour l’instant.»

«Ce n’est pas la bonne option» : une candidate qui part de loin

Soutien inattendu de l’union des gauches avec La France insoumise en 2022 (Nupes), Ségolène Royal navigue entre la gauche et le centre. Sa «candidature» est néanmoins critiquée dans sa propre famille politique. Le premier secrétaire délégué du Parti socialiste (PS) Nicolas Mayer-Rossignol, qui incarne l’aile modérée du parti, a ainsi estimé à son propos ce 30 août lors d’une matinale de la radio publique : «Il faut toujours respecter les personnes, mais sur le plan politique, ce n'est pas la bonne option.» Nicolas Mayer-Rossignol lui préfère Bernard Cazeneuve, dont le nom circule avec insistance depuis plusieurs jours : «C'est un homme d'État et c'est aussi un homme libre qui ne jouera pas la caution d'Emmanuel Macron.»

À droite, le profil de l’ancienne ministre n'enthousiasme pas. Le conseiller LR de Paris Othman Nasrou balaye l’hypothèse Royal sur Sud Radio : «Ce serait une très mauvaise idée. On a besoin de tout sauf de cette manière-là de faire de la politique.» Le souverainiste François Asselineau fustige de son côté : «Il y en a vraiment qui ne doutent jamais de rien.» Et d’ironiser : «On attend que Manuel Valls fasse savoir qu'il est également "disponible".»

Après 46 jours passés avec un gouvernement démissionnaire, Emmanuel Macron peine à trouver une personnalité qui ne risque pas d’être évincée par une motion de censure. Alors que des noms circulent, à l’image de ceux des anciens socialistes Ségolène Royal et Bernard Cazeneuve, une majorité de Français serait favorable à un gouvernement technique, c’est-à-dire sans coloration politique.