«Il ne faut pas être impulsif», mais il faut agir «avec doigté», a déclaré le 6 août Hassan Nasrallah dans une allocution, à l'heure où toute la région à les yeux rivés sur le Hezbollah.
Juste avant son discours, les avions israéliens ont dépassé le mur du son au-dessus de la capitale libanaise, un message dissuasif envoyé au secrétaire général du Hezbollah lui-même. «L'ennemi [israélien] brise le mur du son au-dessus de la banlieue sud pour effrayer les personnes réunies pour la cérémonie. Il est d'un petit esprit», a-t-il lancé au début de son allocution.
Hassan Nasrallah sait que les Israéliens s'attendent à une réponse depuis la mort de Fouad Chokor dans la banlieue sud de Beyrouth le 30 juillet dernier. «L’attente israélienne depuis une semaine fait partie de la punition», a-t-il souligné. Avant d'ajouter : «Mais notre réponse viendra, si Dieu le veut, seuls ou dans le cadre d’une réponse collective de tout le front», sous-entendant que la riposte pourrait être coordonnée avec les autres mouvements de «l'axe de la résistance».
Nasrallah déplore le deux poids deux mesures de l'occident
Il a également renvoyé la balle aux Israéliens en affirmant que ce sont eux «qui ont choisi d’aller vers l’escalade». Mais le secrétaire général du Hezbollah a néanmoins noté que «dans le passé, nous étions les seuls à encaisser les pertes», alors qu'«aujourd’hui, le trafic aérien est interrompu tant à l’aéroport de Beyrouth qu’à celui de Ben Gourion [à Tel-Aviv] et les déplacés sont des deux côtés de la frontière». En effet, les vols sont en partie annulés ou reportés à une date ultérieure.
Hassan Nasrallah a fait savoir que le mouvement devait tenir compte de l'opinion publique libanaise. «Nous avons toujours pris en considération la situation interne et avons géré la bataille de façon à ce qu’il y ait au Liban en même temps un front de soutien ouvert et des festivals de musique, des restaurants bondés», a-t-il indiqué. À ce propos, il a également évoqué «les pressions» que subissaient le mouvement et l'Iran pour éviter l'engrenage. «Ces pays ont-ils pu empêcher Benjamin Netanyahou de frapper Téhéran ? Ont-ils condamné la mort d’enfants dans la banlieue sud ?», a-t-il déploré.
Le chef du Hezbollah est également revenu sur la mort de Fouad Chokor, haut cadre militaire du mouvement, considérée comme «un exploit pour Israël, mais pas une victoire». Hassan Nasrallah a également averti sur une victoire israélienne dans la bande de Gaza qui constituerait la mort de la cause palestinienne et la création d’un État juif «de la mer au Jourdain», et donc la venue de nombreux réfugiés palestiniens au Liban. «Le Liban et ses richesses seront également en danger», a-t-il prévenu. Avant de souligner : «Il n’y aura plus de royaume hachémite en Jordanie. En Syrie aussi, les Israéliens voudront installer un allié au pouvoir.» Et de conclure : «Les Israéliens veulent établir [en Jordanie] un État alternatif pour les Palestiniens.»
Depuis le 8 octobre, l'armée israélienne et le Hezbollah s'affrontent quotidiennement. Initialement, les opérations se cantonnaient à un rayon de 5 kilomètres de la frontière. Or, les frappes de Tsahal ont gagné en profondeur, ciblant Beyrouth, Baalbek ou encore le nord du pays. Des milliers d'habitants israéliens et libanais ont dû fuir la zone pour éviter les bombardements.