International

Sondage : les Ukrainiens de plus en plus ouverts à des concessions territoriales à la Russie

Près d'un tiers de la population du pays estime que Kiev devrait céder certains territoires à la Russie en échange de la paix, selon une nouvelle enquête de l’Institut international de sociologie de Kiev, publiée le 23 juillet.

L'Institut international de sociologie de Kiev a dévoilé le 23 juillet un sondage, réalisé auprès de 1 067 personnes en mai dernier et 2 008 autres en juin dernier, indiquant que 32% d'entre elles accepteraient une «certaine forme de concessions territoriales», «dans l'intérêt de parvenir à la paix le plus rapidement possible et de préserver l’indépendance [du pays]».

Ces opinions en faveur de concessions territoriales n'étaient que de 10% un an plus tôt et de 19% à la fin de l'année 2023, 55% restant opposés à toute concession territoriale, ajoute l’étude. Ils étaient 74% il y a un an.

«Nous pensons que les résultats obtenus sont encore très représentatifs et permettent une analyse assez fiable de l’humeur publique de la population», observe l’institut, précisant ne pas avoir interrogé de personnes dans les territoires qui ne sont plus sous le contrôle de l’armée ukrainienne.

Plusieurs scénarios 

Dans le cadre de la deuxième enquête, les personnes interrogées se sont également vues présenter plusieurs modèles d'un éventuel accord de paix entre Kiev et Moscou. La première option impliquait que la Russie conserve le contrôle de la Crimée et des quatre autres anciens territoires ukrainiens, Kiev abandonnant ses ambitions au sein de l’OTAN et rejoignant l’UE. Ce modèle a été soutenu par 38% des personnes interrogées, 30% le qualifiant d'option «difficile» mais «acceptable». Plus de la moitié des personnes interrogées (54%) l'ont rejeté.

La deuxième option consistait pour la Russie à conserver les territoires nouvellement acquis mais à permettre à l’Ukraine de rejoindre à la fois l’OTAN et l’UE. Près de la moitié des personnes interrogées l'ont soutenu (47%), tandis que 38% l'ont rejeté.

La troisième option consiste à voir Moscou céder le contrôle des régions de Kherson et de Zaporojié, mais à conserver les deux républiques du Donbass et la Crimée. Dans ce scénario, l’Ukraine rejoindrait également l’UE et l’OTAN. Ce modèle a été soutenu par 57 % des personnes interrogées, 20% le qualifiant d’«accord facilement acceptable». Un tiers des personnes interrogées l'ont rejeté.

Moscou a fait ses propositions

Pour l'heure, les demandes ukrainiennes restent rigides. Volodymyr Zelensky a posé plusieurs conditions à la paix depuis 2022, évoquant notamment le retrait des forces russes des régions que l'Ukraine revendique encore, dont la Crimée rattachée en 2014 par référendum à la Russie. Des principes jugés irréalistes par la Russie.

Dans un discours de politique étrangère prononcé le 14 juin, le président russe avait indiqué que des négociations avec l’Ukraine pourraient être entamées dès lors que celle-ci retirerait ses troupes des Républiques populaires de Donetsk (RPD) et de Lougansk (RPL) ainsi que des régions de Zaporojié et de Kherson, et accepterait d’opter pour un «statut neutre – non aligné, non nucléaire», évoquant aussi une «démilitarisation», une «dénazification» et une levée des sanctions contre la Russie.