Des manifestations contre la présence turque dans le nord de la Syrie ont entraîné des affrontements armés, faisant des morts et des blessés dans la journée du 1er juillet.
Tout a commencé le 30 juin lorsque des manifestations ont éclaté dans la ville turque de Kayseri, vandalisant et brûlant des commerces tenus par des Syriens, suite à l'arrestation d'un Syrien soupçonné d'avoir harcelé une fillette de cinq ans. Les pompiers et les forces de l'ordre ont été dépêchés sur place. Soixante-sept personnes ont été interpellées par la police.
La destruction de boutiques gérées par des Syriens en Turquie a provoqué un mouvement de colère en Syrie, dans les zones contrôlées par les forces turques, notamment dans le nord de la province d'Alep vers Afrin. D'après le média Al-Mayadeen, des raids armés ont eu lieu contre les bâtiments gérés par le gouvernement turc. Les manifestants ont ouvert le feu sur des véhicules militaires, entraînant de fait des affrontements entre les deux partis, faisant deux morts et de nombreux blessés, rapporte le média libanais.
Entre Ankara et Damas, des relations pour le moins compliquées
L'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), source controversée d'opposition basée à Londres, a fait état de quatre morts, d'une vingtaine de blessés et de manifestations dans une quinzaine de localités tenues par l'armée turque. Le site précise que les protestataires ont entonné des slogans hostiles à la Turquie, comme «Erdogan le malfaisant» et «À bas les collaborateurs de l’armée nationale», visant les supplétifs d'Ankara en Syrie. De surcroît, des drapeaux turcs ont également été arrachés «au passage de Bab Al-Salamah à la frontière syro-turque et au rond-point Alkafen dans l'ouest de la ville d'Azaz», relate l'OSDH.
Avec la crise syrienne débutée en 2011, une vague de réfugiés a pris la direction de la Turquie. En effet, ce pays a accueilli plus de 3,5 millions de Syriens sur son sol. Au gré de la conjoncture économique, les nouveaux arrivants sont parfois la cible de comportements xénophobes de la part de certains Turcs.
De son côté, Ankara a lancé plusieurs opérations sur le territoire syrien de 2016 à 2020, à l'instar de l'opération Bouclier de l'Euphrate en août 2016 afin d'empêcher l'irrédentisme kurde à la frontière. Cette intervention a été suivie de l'opération Rameau de l'olivier en 2018, puis de Source de paix en 2019 et Bouclier du printemps en mars 2020.
L'armée turque est donc présente dans le nord de la Syrie pour lutter contre l'influence kurde dans la zone. Les relations avec le pouvoir de Bachar al-Assad restent houleuses malgré les premiers contacts officiels entre les ministres turc et syrien de la Défense à Moscou le 28 décembre 2022. À ce jour, les deux pays n'ont toujours pas normalisé leurs relations diplomatiques.