«Plus de deux ans après le début de la guerre, le principe doit désormais s'appliquer : travailler en Allemagne ou retourner dans les zones sûres de l'ouest de l'Ukraine», a déclaré le 22 juin au Bild Alexander Dobrindt, le président du groupe parlementaire de l'Union chrétienne sociale bavaroise (CSU, droite conservatrice) au Bundestag.
Celui-ci a néanmoins concédé que les autorités allemandes pourront les aider : «il faut qu’il y ait une offre d’emploi et cela doit s’inscrire dans un effort d’intégration.»
Mais pour l’élu parlementaire, pas de doute : Berlin doit désormais revoir sa politique de protection sociale et exiger «des obligations de coopération plus fortes pour les demandeurs d’asile lorsqu’il s’agit de prendre un emploi». Et donc renvoyer ceux refusant de telles exigences.
1,3 million de réfugiés ukrainiens résidaient en Allemagne en mars 2024, selon Eurostat. Moins de 20% d’entre eux seraient des hommes âgés de 18 à 60 ans, les médias locaux les estimant à 250 000.
En avril dernier, Die Welt rapportait que le taux d'emploi des réfugiés ukrainiens en Allemagne n’atteignait que 18%, apparemment parmi les plus bas comparés aux pays voisins, et alors même que «les trois-quarts des réfugiés ukrainiens ont un diplôme universitaire» et que le marché du travail allemand «est en proie à une pénurie de travailleurs qualifiés».
563 euros d'aide mensuelle
Contrairement aux réfugiés d'autres pays, les Ukrainiens en Allemagne ont droit à une «allocation de citoyen» de 563 euros par mois – un niveau d'aide nettement plus élevé que dans les autres États membres de l'UE.
Ces propos interviennent alors que Kiev est confronté à une crise de recrutement pour ses forces armées mises à mal sur le front. En décembre 2023, le gouvernement Scholz avait refusé l'extradition des ressortissants ukrainiens contre leur gré. Mais des voix contraires se font depuis entendre.
Le ministre bavarois de l'Intérieur, Joachim Herrmann, a soutenu la semaine dernière que Berlin devrait inciter les Ukrainiens éligibles à la conscription à rentrer chez eux. Son homologue du Bade-Wurtemberg, Thomas Strobl, a suggéré que les aides sociales allemandes pourraient entraver «la lutte défensive des Ukrainiens». Le ministre de l'Intérieur du Brandebourg, Michael Stuebgen, et son homologue de Hesse, Roman Poseck, ont exprimé des opinions similaires ces dernières semaines.
Kiev a durci ses règles de mobilisation et abaissé l’âge de la conscription de 27 à 25 ans. Les services consulaires ont par ailleurs été refusés aux ressortissants ukrainiens potentiellement éligibles.
Kiev a aussi cherché à ramener dans le pays les réfugiés ukrainiens éligibles à la conscription, en leur refusant la possibilité de mettre à jour leurs papiers d'identité en dehors de l'Ukraine. La possibilité de contraindre les réfractaires au service à retourner en Ukraine est régulièrement évoquée dans les médias locaux.