«Nous suggérons depuis longtemps de pouvoir aider la partie ukrainienne à assurer que les personnes soumises au service militaire obligatoire aillent en Ukraine», a déclaré le 24 avril au soir le ministre polonais de la Défense, Wladyslaw Kosiniak-Kamysz, à la télévision commerciale Polsat, qualifiant l’obligation militaire de «devoir civique».
«Cela ne m'étonne nullement que les autorités ukrainiennes fassent tout pour envoyer des soldats sur le front, car les besoins sont énormes», a poursuivi le ministre, avant de répondre «tout est possible» à la question de savoir si son pays répondrait positivement à une demande de Kiev de rapatrier les hommes en âge de combattre. La Pologne pourrait aider à identifier les hommes qui sont sous obligation militaire, a-t-il même précisé.
«Je pense que beaucoup de nos compatriotes polonais sont indignés lorsqu'ils voient de jeunes Ukrainiens dans les cafés et entendent parler des efforts qu'il nous faut pour aider l'Ukraine», a encore ajouté le ministre polonais.
Des centaines de personnes se sont pressées ce 25 avril devant un bureau ukrainien des passeports à Varsovie, en colère après la décision de Kiev de suspendre une partie des services consulaires.
La pression monte à Kiev
Justifiant cette mesure, le ministre ukrainien des Affaires étrangères Dmytro Kouleba a, sur X (ex-Twitter) le 23 avril, dénoncé le comportement des hommes «en âge de conscription» et «partis à l’étranger» qui avaient montré à leur État qu’ils «ne se souciaient pas de sa survie», tout en voulant bénéficier de ses services. «Cela ne fonctionne pas de cette façon», a-t-il fustigé, avant d’ajouter : «Notre pays est en guerre. Le séjour à l'étranger ne dispense pas un citoyen de ses devoirs envers la patrie.»
Au 19 avril, le Commissariat de l’ONU aux réfugiés estimait que près de six millions de ressortissants ukrainiens, hommes, femmes et enfants, se trouvaient sur le sol de l’UE, dont 1,6 million en Pologne. La BBC, en novembre 2023, chiffrait à 650 000 le nombre d’Ukrainiens en âge de servir qui auraient fui le pays.
Alors que l'armée ukrainienne est en difficulté sur le front face aux troupes russes, Volodymyr Zelensky a promulgué le 16 avril dernier une nouvelle loi sur la mobilisation, durcissant les sanctions à l’encontre des réfractaires et obligeant les hommes à tenir leurs papiers à jour. Une autre loi abaissant de 27 à 25 ans l’âge des recrues a été adoptée au début du mois.