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Mer Rouge : Washington a déjà dépensé 1 milliard de dollars dans sa lutte contre les Houthis

Selon le Wall Street Journal, les États-Unis ont déjà déboursé plus d'un milliard de dollars dans leur combat contre les rebelles houthis. Les responsables américains craignent que l'industrie de défense ne tienne pas sur le temps long en raison des sollicitations en Ukraine et en Israël.

La Marine américaine affirme avoir dépensé environ 1 milliard de dollars en munitions pour stopper les attaques des Houthis en mer Rouge, menant plus de 450 frappes et interceptant plus de 200 drones et missiles depuis le début des incursions en novembre dernier, a rapporté le 12 juin le Wall Street Journal.

Le quotidien américain révèle qu'à ce rythme là, les États-Unis craignent que le conflit ne soit tout simplement pas tenable dans la durée pour l'industrie de défense américaine, «déjà mise à rude épreuve par les demandes d’armement de l’Ukraine et d’Israël». «Leur approvisionnement en armes en provenance d’Iran est bon marché et hautement durable, mais le nôtre est cher, nos chaînes d’approvisionnement sont saturées et nos délais logistiques sont longs», a déclaré au Washington Post Emily Harding du Centre d’études stratégiques et internationales (CSIS) de Washington.

Des missiles à 2 millions de dollars contre des drones à 20 000 dollars

En effet, pour viser le territoire israélien ou des navires qu'ils jugent liés à Israël, les rebelles yéménites ont pour l'heure utilisé notamment le missile de croisière Soumar qui peut atteindre plus de 2 000 kilomètres ainsi que des drones Shahed 136. Pour ces derniers, le prix unitaire avoisine les 20 000 dollars, selon le site Opex360.

Des armes abattues par la marine française avec des missiles Aster coûtant, eux, 1,5 million d'euros. En décembre, Politico soulevait également cette problématique posée par les Houthis en terme de coût pour la défense américaine, en précisant que le prix d'une interception d'un drone pouvait allait jusqu'à plus de deux millions de dollars. 

Depuis le mois de novembre, les rebelles yéménites multiplient les actions en mer Rouge ainsi qu'en mer d'Arabie afin d'empêcher les navires de commercer avec l'État hébreu. Le Washington Post note que «bien que la plupart des armes aient été abattues, au moins 77 cargos ont été touchés et un navire britannique transportant 20 000 tonnes d'engrais à son bord a été coulé», tout en précisant qu'aucun navire militaire n'avait été touché malgré les «80 tentatives» d'Ansar Allah.

Bab al-Mandab : le trafic maritime en chute libre

Si les frappes houthies ont pour la plupart été interceptées, elles ont grandement impacté le trafic maritime mondial. En effet, le trafic de porte-conteneurs traversant le détroit de Bab al-Mandab au large des côtes yéménites a chuté de près de 70% et environ 50% pour le seul trafic de pétroliers, selon les chiffres de Windward, une société de renseignement maritime, repris par le quotidien américain. En temps normal, plus de 20 000 navires commerciaux traversent la mer Rouge au cours d'une année typique, dont 150 énormes pétroliers et porte-conteneurs. 

A ce propos, le porte-parole des Houthis Yahya Saree a annoncé le 13 juin que les rebelles yéménites avaient visé trois nouveaux navires commerciaux. De son côté, le commandement central américain (Centcom) a indiqué ce 15 juin avoir la veille «réussi à détruire un système aérien sans équipage (UAS) lancé depuis une zone contrôlée par les Houthis au Yémen, au-dessus de la mer Rouge» et également «sept radars houthis soutenus par l'Iran». Ce matériel permet à Ansar Allah «de viser les navires maritimes», affirme le Centcom.

Pour empêcher les Houthis de poursuivre leurs attaques sur les navires commerciaux, depuis le 12 janvier dernier les États-Unis et le Royaume-Uni, aidés par l'Australie, Bahreïn, le Canada, le Danemark, les Pays-Bas et la Nouvelle-Zélande, procèdent à des frappes sur les installations militaires des rebelles yéménites. L'Union européenne a également lancé sa propre mission, «Aspides», avec le concours de l'Allemagne, de la Belgique, de la France, de la Grèce ainsi que de l'Italie. Une opération qui se veut strictement défensive.