Décidément, le mouvement Ansar Allah n'a pas dit son dernier mot. Après les bombardements américano-britanniques survenus dans la nuit du 30 au 31 mai, les rebelles yéménites continuent leurs opérations.
Dans une allocution le 5 juin, le porte-parole d'Ansar Allah, Yahya Saree, a déclaré que «les forces navales» avaient mené plusieurs opérations en mer Rouge et en mer d'Arabie. «Deux opérations en mer Rouge ont visé deux navires, le premier étant le Roza et l'autre le Vantage Dream, a-t-il précisé en spécifiant que ces attaques avaient été menées «à l'aide d'un certain nombre de missiles et de drones». Une troisième opération a visé «le navire américain Maesk Seletar à l'aide de plusieurs drones en mer d'Arabie orientale». Une information qui n'a toutefois pas été confirmée par le commandement central américain (Centcom).
Yahya Saree a également indiqué que les opérations des Houthis continueraient tant que le conflit à Gaza ne prendrait pas fin.
Un missile hypersonique identique à ceux de l'Iran ?
Le 3 juin, le porte-parole des Houthis a également annoncé que des forces armées yéménites avaient «pris pour cible un objectif militaire de l'ennemi israélien dans la région d'Umm al Rashrash [Eilat en arabe]» en utilisant un missile balistique «Palestine», révélé pour la première fois par les forces armées yéménites. Il a également affirmé que le missile avait atteint son objectif.
Selon les informations rapportées par Associated Press (AP) le 5 juin, le mouvement yéménite a en effet utilisé une nouvelle arme aux couleurs du keffieh palestinien, sans toutefois causer de dégât ni de victimes. Toujours selon la même source, le missile est équipé d'un lanceur «mobile» avec une fumée blanche sortant du moteur. «Les missiles à combustible solide peuvent être déployés et tirés plus rapidement que ceux à combustible liquide», explique l'AP.
Toujours selon AP, cette arme ressemble à un missile hypersonique iranien, capable de voler à la vitesse Mach 5, bien que les Houthis revendiquent l'avoir conçu localement. «Cependant, les Houthis ne sont pas connus pour posséder la capacité de fabriquer localement des systèmes de missiles et de guidage complexes au Yémen, le pays le plus pauvre du monde arabe», souligne AP.
L'Iran a présenté son premier missile balistique hypersonique en juin 2023, baptisé Fattah.
Des drones à 20 000 dollars pièce contre des missiles à plus d'un million
Pour frapper le territoire israélien ou des navires qu'ils jugent liés à Israël, les Houthis ont, pour l'heure, notamment utilisé le missile de croisière Soumar qui peut atteindre plus de 2 000 kilomètres et le drone Shahed 136, dont le prix à l’unité est de seulement 20 000 dollars, selon Opex360. Des armes abattues par la marine française avec des missiles Aster coûtant, eux, 1,5 million d'euros...
Le 3 mai, le porte-parole du mouvement armé yéménite Yahya Saree avait annoncé le début «de la quatrième phase d'escalade» face à l'État hébreu. Prononçant son discours devant une foule rassemblée à Sanaa en soutien à la Palestine, il avait précisé que cette nouvelle étape comprenait «le ciblage de tous les navires» se dirigeant «vers les ports de la Palestine occupée à partir de la mer Méditerranée», et ce, dès lors qu'ils se trouveraient dans une «zone atteignable» par les frappes houthies.
Pour empêcher les Houthis de poursuivre leurs attaques sur les navires commerciaux, depuis le 12 janvier dernier, les États-Unis et le Royaume-Uni, aidés par l'Australie, Bahreïn, le Canada, le Danemark, les Pays-Bas et la Nouvelle-Zélande, procèdent à des frappes sur les installations militaires des rebelles yéménites. L'Union européenne a elle également lancé sa propre mission, «Aspides», avec le concours de l'Allemagne, de la Belgique, de la France, de la Grèce ainsi que de l'Italie. Une opération qui se veut strictement défensive.