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Human Rights Watch accuse Israël d'utiliser du phosphore blanc lors de ses bombardements au Liban

Un rapport de Human Rights Watch publié ce 5 juin accuse l'État hébreu d'utiliser du phosphore blanc dans ses frappes sur le Sud-Liban. Cette substance entraîne d'importants incendies et cause de nombreuses brûlures aux deuxième et troisième degré.

«L'utilisation généralisée du phosphore blanc par Israël dans le sud du Liban met les civils en danger et contribue au déplacement de civils», a alerté Human Rights Watch (HRW) dans un rapport publié le 5 juin. 

Cette substance chimique «dispersée dans les obus d’artillerie, les bombes et les roquettes» s'enflamme au contact de l'oxygène, rappelle l'ONG. Au-delà des incendies ravageurs sur les zones d'habitations et les terrains agricoles, le phosphore blanc entraîne des souffrances «à vie».

«Les effets les plus graves du phosphore blanc sont les effets cutanés, qui peuvent inclure des brûlures du deuxième et du troisième degré pouvant entraîner des brûlures nécrotiques profondes très importantes et de toute l'épaisseur», a précisé le Dr Tharwat Zahran, toxicologue médical et professeur adjoint de médecine d'urgence à l'Université américaine de Beyrouth, interrogé dans le rapport de l'ONG. 

Son utilisation est réglementée par le Protocole III de la Convention sur certaines armes classiques de l'ONU de 1983, auquel Israël n'a pas adhéré, contrairement au Liban. «Le Protocole III interdit l’utilisation d’armes incendiaires larguées par aéronef dans les "concentrations de civils" et limite l’utilisation licite d’armes incendiaires lancées depuis le sol dans les zones où il y a des concentrations de civils», explique HRW. Son utilisation au Liban ne répond pas par ailleurs à «l'obligation de prendre toutes les précautions possibles pour éviter de nuire aux civils».

340 000 animaux tués dans le sud du Liban 

Human Rights Watch «a vérifié l'utilisation de munitions au phosphore blanc par les forces israéliennes dans au moins 17 municipalités du sud du Liban depuis octobre 2023, y compris cinq municipalités où des munitions à explosion ont été illégalement utilisées au-dessus de zones résidentielles peuplées». Son utilisation «nuit sans discernement aux civils et a conduit de nombreuses personnes à quitter leurs foyers», a indiqué un membre de l'association travaillant sur le Liban.

Dans le sud du Liban, plus de 90 000 personnes ont dû fuir leurs maisons en raison des bombardements israéliens. De surcroît, selon un article de Libnaews en avril dernier, 800 hectares de terres agricoles ont été complètement ravagées, 340 000 animaux sont morts et environ 75% des agriculteurs ont perdu leur dernière source de revenus. Cette situation a poussé le gouvernement libanais à qualifier le sud du pays de zone «en difficulté agricole».

Ce n'est pas la première fois qu'Israël est pointé du doigt par des ONG internationales. Deux rapports publiés le 7 décembre par Amnesty International et Human Rights Watch appellaient à une enquête pour crime de guerre à l'encontre de l'État hébreu suite à deux frappes menées contre un groupe de journalistes au Liban le 13 octobre dernier. Frappes qui «constituent probablement une attaque directe contre des civils qui doit faire l’objet d’une enquête en tant que crime de guerre», notait dans son enquête Amnesty International, estimant qu'il n'y avait aucune preuve «indiquant la présence de combattants ou d'objectifs militaires sur le site des frappes».