«Nous approchons du moment où une décision devra être prise, et l'armée israélienne est préparée et prête à prendre cette décision», a déclaré le chef d'état-major de Tsahal, le lieutenant-général Herzi Halevi, dans la soirée du 4 juin.
Alors que le Hezbollah et l'armée israélienne se livrent une guerre de basse intensité depuis le 8 octobre, entraînant des pertes des deux côtés, un exode de populations civiles et des incendies dans les zones limitrophes, Tsahal envisage tous les scénarios.
En effet, au lendemain des frappes du parti chiite qui ont entraîné des incendies ravageurs dans la localité de Kiryat Shmona, Herzi Halevi a promis de faire payer au Hezbollah «un prix très élevé», selon I24. Il a toutefois noté que l'organisation pro-iranienne avait «augmenté ses tirs ces derniers jours». «Nous sommes prêts, après un très bon processus d'entraînement, à passer à l'attaque dans le nord», a-t-il ainsi prévenu, martelant : «Nous avons une défense solide, nous sommes prêts à attaquer.»
La veille, le ministre israélien des Finances, Bezalel Smotrich, avait appelé à renvoyer le Liban «à l'âge de pierre», assurant du soutien du peuple israélien.
Plus tard dans la journée, Benjamin Netanyahou a affirmé qu'Israël était «prêt pour une opération très intense» à sa frontière nord. Le Premier ministre israélien était dans la ville de Kiryat Shmona, près de la frontière, où des incendies de forêt ont éclaté après les bombardements du Hezbollah. «Quiconque pense pouvoir nous faire du mal pendant que nous restons les bras croisés commet une grave erreur. D’une manière ou d’une autre, nous rétablirons la sécurité dans le nord», a encore déclaré Netanyahou.
Une intervention terrestre avant l'été ?
Selon Al-Akhbar le 4 juin, média libanais proche du Hezbollah, Londres aurait informé Beyrouth, par le biais de ses services de renseignement, d'une intervention de Tsahal mi-juin, soulignant «la nécessité de mettre en œuvre les mesures d'approvisionnement nécessaires à la guerre». L'étendue de l'offensive et sa durée seraient encore inconnues.
Le journal Al-Akhbar a fait état de nombreuses annulations de représentations culturelles et festives dans la capitale libanaise, et ce, en raison de la crainte d'un conflit généralisé au Liban.
Cette hypothèse de l'élargissement du front nord à une intervention terrestre des troupes israéliennes avait déjà été soulevée par une enquête de CNN le 29 février dernier. Des membres de l'administration et des responsables du renseignement américains redoutaient une incursion terrestre de Tsahal au Liban à la fin du printemps ou au début de l'été, en cas d'échec des efforts diplomatiques pour éloigner le Hezbollah de la frontière nord.
Face au risque d'escalade entre les deux ennemis frontaliers, Emmanuel Macron a appelé le 4 juin à «la plus grande retenue». La France reste «pleinement engagée pour prévenir tout risque d'escalade» et «promouvoir une solution diplomatique» à cette frontière, a indiqué le président français, selon l'AFP.
Washington envisage une aide financière
De son côté, Washington tente d'arracher un accord frontalier pour tenter d'apaiser les tensions entre les deux ennemis, tout en continuant de soutenir l'effort de guerre israélien contre le Hamas et le Hezbollah.
En effet, Amos Hochstein, émissaire américain pour la question libanaise, a proposé au mois de mars dernier un plan en trois étapes : la fin des hostilités, l'envoi de l'armée pour pacifier la zone et le règlement des contentieux frontaliers entre le Liban et l'État hébreu. Le Hezbollah avait catégoriquement rejeté ce plan, en stipulant que l'arrêt du conflit au Sud-Liban était intrinsèquement lié à la fin de la guerre à Gaza.
Pour espérer convaincre la partie libanaise, Washington fait miroiter une aide financière pour le Liban. En effet, dans un entretien accordé à Reuters le 30 mai, Amos Hochstein a indiqué que les États-Unis voulaient faire comprendre au pays du Cèdre qu'en cas de cessation des hostilités, ils veilleraient «à ce que la communauté internationale démontre au peuple libanais que nous sommes investis en lui».
À ce propos, il a précisé que l'administration était prête à aider le Liban pour son réseau électrique défectueux. «Nous avons une solution pour cela. Nous avons mis au point un package qui pourrait créer une solution qui leur permettrait d'atteindre 12 heures d'électricité en... peu de temps», a-t-il précisé. Contacté par L'Orient-Le Jour concernant cette offre américaine, le Hezbollah n'a, à ce jour, pas encore donné de réponse.
Depuis le 8 octobre, l'armée israélienne et le Hezbollah s'affrontent quotidiennement par le biais d'escarmouches et d'attaques ciblées sur des postes d'observation, Tsahal ciblant les cadres du parti chiite. Alors que les deux ennemis se sont d'abord cantonnés à des attaques ne dépassant pas un rayon de cinq kilomètres autour de la zone limitrophe, les opérations ont depuis évolué en intensité et en profondeur.