«La résistance est la base de la stabilité et de la paix au Liban.» Ce sont les mots du ministre iranien des Affaires étrangères par intérim lors de son premier déplacement à l'étranger, dans la capitale libanaise, le 3 juin.
Ali Bagheri réalise sa première tournée au Moyen-Orient depuis le décès de son prédécesseur Hossein Amir Abdollahian dans un accident d'hélicoptère le 19 avril dernier. À Beyrouth, il a rencontré le président de la Chambre, Nabih Berry, le Premier ministre, Nagib Mikati, et le chef de la diplomatie libanaise, Abdallah Bou Habib. Il a également rendu visite au secrétaire général du Hezbollah Hassan Nasrallah.
«Les derniers développements politiques et sécuritaires dans la région, notamment sur les fronts de Gaza et du Liban, ont été passés en revue, ainsi que les solutions proposées et les possibilités existantes concernant l'évolution des événements», précise le communiqué du parti chiite. Le leader de l'organisation pro-iranienne a d'ailleurs tenu à remercier Téhéran pour son soutien constant aux différents mouvements de «résistance» dans la région.
Téhéran critique la position américaine
«La résistance islamique au Liban est le pilier de la stabilité et de la paix au Liban», a souligné le chef de la diplomatie iranienne par intérim, selon l'agence Irna. Ali Bagheri a indiqué que les relations irano-libanaises étaient également un marqueur de la stabilité régionale.
Interrogé lors d’un point de presse sur les possibilités d’extension de la guerre sur le front du Liban-Sud, Ali Bagheri a déclaré : «Si l’entité sioniste a une once de raison, elle n’élargira pas le front, car elle n’a pas les moyens d’aller plus loin au Liban», selon le quotidien libanais L'Orient-Le Jour. Compte tenu de l'enlisement du conflit dans l'enclave gazaouie, le ministre iranien des Affaires étrangères pense qu'«Israël n’a donc pas les moyens d’aller plus loin au Liban, car cette entité a déjà trop à faire en cherchant à sortir du bourbier de Gaza». D'ailleurs, il a lui même indiqué que l'apaisement était conditionné. «De toute façon, le principe de l’unité des fronts a été conçu pour faire face aux crimes israéliens dans l’enclave. Ainsi, lorsque le problème de Gaza sera réglé, les autres fronts seront plus faciles à traiter», a-t-il ajouté.
Téhéran a également souligné à propos de sa position, qui consiste à aider les mouvements palestiniens et à soutenir le Hezbollah : «De nombreux pays qui n’étaient pas dans ce cas de figure sont arrivés désormais à la conclusion que la position iranienne est la bonne et que la résistance est la seule solution face à Israël.» Ali Bagheri a insisté sur le fait que l'objectif principal de l'Iran était d’arrêter «le génocide» qui se déroule à Gaza. Il n'a d'ailleurs pas manqué de critiquer ouvertement la position américaine à l'égard du conflit. Malgré les récents appels au cessez-le-feu et le refus de soutenir une intervention à Rafah, pour Téhéran, les États-Unis «restent le principal soutien des Israéliens dans leur projet de tuer les Palestiniens», n'étant ni «sincères, ni crédibles». Si les Américains voulaient arrêter le conflit, «ils devraient prendre une seule mesure : arrêter leur aide aux Israéliens et la guerre cesserait alors de facto, car les Israéliens n’auraient plus les moyens de la mener», a-t-il lancé lors de la conférence de presse.
Depuis le début du conflit à Gaza, l'Iran soutient les différents groupes armés contre Israël, à l'instar du Hamas, du Jihad islamique dans l'enclave palestinienne, du Hezbollah au Liban, des milices irakiennes et des Houthis au Yémen. Téhéran a constitué un «axe» de la résistance, opposé aux intérêts américains et israéliens au Moyen-Orient.
Le chef de la diplomatie iranienne par intérim est attendu à Damas le 4 juin.