Le parlement du canton du Tessin au Sud du pays, a approuvé la loi lundi. Cette dernière interdit totalement le port du voile intégral dans les lieux publics.
Cette mesure a été adoptée à la suite des attentats de Paris le 13 novembre dernier et plus généralement en vue de la menace terroriste accrue dans toute l'Europe.
Porter la burqa dans un restaurant, un magasin et même au volant de sa voiture constitue désormais de fait une infraction pénale dans cette région italophone de la Suisse où les femmes contrevenant à la règle seront sanctionnées par une amende pouvant s'élever jusqu'à 10 000 euros.
Cette rêgle est également valable pour les touristes qui devront se conformer à la loi du canton. En revanche, d'autres manières de se couvrir le visage, telles que le port d'une cagoule ou d'un masque resteront autorisées.
Près des deux tiers des électeurs du canton avaient voté en faveur de cette interdiciton lors d'un référendum en Septembre 2013 avant que la mesure ne soit approuvée par le Parlement, rapporte l'agence Reuters.
Le vote avait été lancé par le biais de la démocratie directe, pratique courante en Suisse et qui permet à des propositions d'être soumises au public si elle récoltent suffisamment de signatures.
L'initiative a été lancée en 2013 par un ancien journaliste Giorgio Ghiringhelli, qui a lui-même rédigé la proposition. Pour lui, l'adoption de cette loi constitue un message aux «islamistes fondamentalistes» présents sur le canton du Tessin, mais aussi dans toute la Suisse.
Interrogé par le site ilgustafeste.ch, l'homme a assuré que le canton accueillerait «à bras ouverts et sans distinction de religion tous ceux qui souhaitent s'intégrer», ajoutant que «ceux qui rebutent [nos] valeurs et tentent de construire une société parallèle basée sur des lois religieuses, au sein même de la société suisse» ne sont, eux, pas les bienvenus.
A la suite de l'adoption de cette loi, L'ONG Amnesty International a évoqué une «journée noire pour les droits de l'Homme dans le Tessin».
La France a été le premier pays à interdire le port du voile intégral dans les lieux publics en 2010. La loi a été confirmée par la Cour européenne des droits de l'Homme en juillet 2014 et des lois similaires ont depuis été adoptées en Belgique et aux Pays-Bas.
En Suisse, ce n'est pas la première fois que la question de l'Islam est soulevée. En 2009, les électeurs helvètes ont soutenu une interdiction de construire de nouveaux minarets, tandis que le Parti du peuple suisse s'est fermement opposé à l'immigration.
Cependant, l'interdiction de la burqa dans les lieux publics au niveau national a été rejetée par le parlement suisse en 2012. Les cantons de Bâle, Berne, Schwyz, Soleure et Fribourg ont également rejeté des propositions similaires.
Environ 40 000 musulmans résident sur le territoire suisse ce qui constitue près de 5% de la population.
Plusieurs pays tels que le Sénégal, le Cameroun ou le Tchad ont déjà interdit le port du voile intégral par mesure de sécurité après des attentats terroristes, craignant que des terroristes puissent se dissimuler sous la burqa pour se fondre dans la population et perpétrer des attaques meurtrières.