«La conclusion de l'enquête [sur le sabotage des gazoducs Nord Stream] est qu'elle n'est pas du ressort de la juridiction suédoise et que l'enquête doit donc être clôturée», a déclaré ce 7 février le procureur suédois Mats Ljungqvist dans un communiqué, précisant avoir partagé les éléments de son investigation avec les autorités judiciaires allemandes. «Rien n'indique que la Suède ou des citoyens suédois aient été impliqués dans cette attaque qui s'est déroulée dans les eaux internationales», a-t-il ajouté.
«La décision de la Suède d'arrêter l'enquête sur l'attaque de Nord Stream défie toute logique, à moins que Stockholm n'ait peur de révéler la vérité», a réagi la porte-parole de la diplomatie russe Maria Zakharova. «La Russie a demandé ces données à plusieurs reprises, mais personne ne nous les a jamais fournies», a quant à lui souligné le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov devant la presse.
«Nous avons notre propre enquête sur laquelle je ne peux rien dire pour l’instant. Tout dépendra des résultats. Nous attendons avec intérêt le verdict et les décisions qui seront prises. Il s’agit d’un sabotage contre une infrastructure internationale critique. On ne saurait s’abstenir de trouver les coupables, l’exécuteur et le commanditaire», a-t-il commenté.
Quatre énormes fuites de gaz précédées d'explosions sous-marines se sont produites le 26 septembre 2022 à quelques heures d'intervalle sur Nord Stream 1 et 2, conduites reliant la Russie à l'Allemagne et acheminant l'essentiel du gaz russe vers l'Europe.
Trois enquêtes avaient été ouvertes, en Allemagne, en Suède et au Danemark. L'enquête suédoise est la première à s'achever.
La «principale hypothèse est qu'un État est derrière» le sabotage, avait pourtant affirmé en avril 2023 le procureur suédois Mats Ljungqvist, ajoutant que ses auteurs savaient «très bien qu'ils laisseraient des traces».
La coopération judiciaire avec le Danemark et l'Allemagne a été «bonne», a souligné le procureur ce 7 février. «Dans le cadre de cette coopération juridique, nous avons pu remettre des documents qui peuvent être utilisés comme preuves dans l'enquête allemande», a ajouté Mats Ljungqvist.
Les services suédois estiment que le sabotage ne menaçait pas le pays
Dans un communiqué séparé, les services de renseignements suédois ont indiqué que l'enquête avait été ouverte «afin de déterminer si le sabotage visait la Suède et menaçait ainsi la sécurité du pays, et il a été établi que ce n'était pas le cas».
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky, en particulier, a nié à plusieurs reprises que son pays puisse être impliqué. «Je ne ferais jamais cela», a-t-il déclaré en juin dernier au quotidien allemand Bild, ajoutant qu'il «aimerait voir des preuves».
«Ceux qui mènent l'enquête en Occident ne sont pas intéressés par la vérité», avait fustigé, le 26 septembre 2023 à New York, le représentant permanent à l'ONU de la Fédération de Russie, Vassili Nebenzia. «L'attentat a été perpétré au moyen d’explosifs et relève donc de la Convention internationale du 15 décembre 1997» (relative à la répression des attentats), avait ajouté le représentant russe, avant d'attirer l'attention de l'auditoire sur le fait que l’Allemagne, le Danemark et la Suède en faisaient partie et étaient donc «engagés par cette convention à enquêter sur les faits».