«La demande d'extradition du soldat nazi a été transmise aux instances canadiennes compétentes», a déclaré l'ambassadeur russe au Canada Oleg Stépanov dans un entretien à RIA Novosti ce 7 février. «On nous a assurés que les documents seraient examinés», a-t-il ajouté.
«Nous rappelons qu'il s'agit pour nous d'une question de principe», a souligné le diplomate. Toujours selon lui, «il est clair que tous les efforts du cabinet libéral du ministre ne parviendront pas à camoufler cette affaire, à faire expédier dans les archives cette opprobre devant la terre entière». Il a en outre rappelé que ce scandale avait suscité l'indignation dans les tréfonds de la société canadienne, qui «entretient la mémoire de ses soldats tombés en combattant le nazisme».
Le 22 septembre 2023 à Ottawa, présenté par le président de la Chambre des communes comme «un Canadien ukrainien, vétéran de la Seconde Guerre mondiale qui a combattu contre les Russes pour l'indépendance de l'Ukraine», Yaroslav Hunka avait été ovationné par toute l’assemblée, dont le Premier ministre Justin Trudeau et le président ukrainien Volodymyr Zelensky, alors en visite officielle. L’hommage s’est finalement transformé en scandale, après que les années de service de Yaroslav Hunka au sein de la Waffen SS aient été mis en lumière par le Centre des amis de Simon Wiesenthal. Face au tollé, le président de la Chambre, Anthony Rota, avait démissionné.
Les relations entre Ottawa et Moscou «profondément gelées»
Le 20 octobre le comité d'enquête russe avait reconnu Yaroslav Hunka coupable d'avoir été membre de la 14e division SS, ou division «Galicie», elle-même responsable du massacre d'au moins 500 citoyens soviétiques. Le comité d'enquête l'avait alors mis en examen par contumace et le ministre de la Défense Sergueï Choïgou avait exigé son extradition par les autorités canadiennes.
«Les relations russo-canadiennes sont aujourd'hui profondément gelées», a par ailleurs regretté l'ambassadeur, précisant qu'Ottawa avait mis fin de manière unilatérale à de nombreux échanges en 2014, suite au rattachement de la Crimée, puis en 2022 avec le début de l'opération militaire spéciale en Ukraine.
Au niveau économique, plus de 60 paquets de sanctions antirusses ont été adoptés et les échanges se sont réduits comme peau de chagrin. La quasi-totalité des importations russes a cessé : toujours selon le diplomate, la balance commerciale de janvier à novembre 2023 s'élevait à 83 millions de dollars contre 2,2 milliards pour l'année 2021.
Le Canada fait partie des membres les plus actifs de la coalition pro-ukrainienne, Justin Trudeau ayant réaffirmé en septembre dernier son soutien «indéfectible» à Kiev. Le diplomate a estimé la contribution canadienne depuis février 2022 à près de 7,6 milliards de dollars.