Les Philippines a affirmé le 10 décembre que «des navires de garde-côtes chinois et de la milice maritime chinoise ont harcelé, bloqué des navires de ravitaillement civils philippins et exécuté des manœuvres dangereuses».
L'un des deux bateaux transportant du ravitaillement a été «percuté» par un navire des garde-côtes chinois, a indiqué l'Unité opérationnelle nationale pour la mer des Philippines occidentales, dans un communiqué.
Un navire chinois a également tiré au canon à eau sur deux bateaux de ravitaillement et un navire des garde-côtes philippins qui escortaient la mission, ajoute le communiqué philippin. Cela a causé de « graves dommages » au moteur de l'un des bateaux de ravitaillement et endommagé le mât du navire des garde-côtes, a-t-il précisé.
Une collision «délibérée» selon la Chine
La Chine a pour sa part accusé un navire philippin d'être «délibérément entré en collision» avec un navire des garde-côtes chinois.
Le 10 décembre, quatre navires philippins ont «pénétré illégalement» dans les eaux des îles Spratleys revendiquées par la Chine, ont indiqué les garde-côtes chinois dans un communiqué, ajoutant qu'un navire philippin «n'avait pas tenu compte de nos multiples et sévères avertissements (...) ».
Le navire philippin «a soudainement changé de direction de manière non professionnelle et dangereuse, entrant délibérément en collision avec notre navire de la Garde côtière 21556 qui se trouvait sur une route normale des forces de l'ordre et a provoqué une éraflure», ont expliqué les garde-côtes chinois dans le communiqué.
«La responsabilité incombe entièrement à la partie philippine», ont-ils affirmé.
Plusieurs incidents en 48 heures
L'incident survenu près du Second Thomas, un atoll des îles Spratleys, s'est déroulé au lendemain d'une autre confrontation entre des garde-côtes chinois qui auraient «entravé» au moyen de canons à eau trois bateaux du gouvernement philippin qui ravitaillaient des pêcheurs philippins près du Scarborough Shoal, un récif contrôlé par Pékin au large de l'île philippine de Luçon.
Quelques heures avant l'incident de du 10 décembre, un convoi civil de 100 pêcheurs philippins a entrepris un voyage qui devait le faire passer par Second Thomas dans le cadre d'une mission visant à ravitailler pour Noël des avant-postes éloignés. Les organisateurs, après avoir déclaré qu'ils «poursuivaient le parcours convenu» malgré cette dernière confrontation, ont finalement décidé de changer de route.
Le convoi est escorté par des navires garde-côtes philippins à bord desquels se trouvent des journalistes de l'AFP.
L'atoll Second Thomas se situe à environ 200 km de l'île philippine de Palawan et à plus de 1 000 km de la grande île et province chinoise la plus proche, Hainan.
Une poignée de soldats philippins sont stationnés sur un bateau militaire, le BRP Sierra Madre, échoué en 1999 sur l'atoll, servant d'avant-poste et permettant d'affirmer les prétentions de souveraineté des Philippines face à la Chine. Les troupes dépendent des missions de ravitaillement pour leur survie.
Selon les garde-côtes chinois, les navires philippins «tentaient de livrer des matériaux de construction» au «navire de guerre illégalement échoué».
L'un des bateaux destinés à leur ravitaillement a pu livrer sa cargaison dimanche 10 décembre, mais celui qui a été impliqué dans la collision a dû être remorqué par un navire des garde-côtes philippins jusqu'à Palawan, a indiqué l'Unité opérationnelle nationale.
Manille et Pékin entretiennent une longue histoire de différends maritimes en mer de Chine méridionale par laquelle transitent chaque année des milliards de dollars de marchandises.
Les Etats-Unis soutiennent immédiatement les Philippines
Les Etats-Unis se tiennent aux côtés des «Philippines et de leurs partenaires pour condamner avec véhémence les actions illégales et dangereuses répétées de la RPC (République populaire de Chine, ndlr) contre les navires philippins», a déclaré l'ambassadrice américaine MaryKay Carlson.
Pékin revendique des eaux et îles de la mer de Chine méridionale. Les Philippines, Brunei, la Malaisie, Taïwan et le Vietnam revendiquent également plusieurs récifs et îlots dans cette mer, dont certaines zones pourraient receler de riches réserves de pétrole.