Plus de 19 000 personnes ont été déplacées au Liban après une intensification des affrontements entre l'armée israélienne et le Hezbollah libanais à la frontière entre les deux pays, selon les chiffres publiés ce 23 octobre par une agence spécialisée des Nations unies.
«Une hausse des incidents transfrontaliers» a entraîné le déplacement de 19 646 personnes au Liban «à la fois dans le sud et ailleurs dans le pays», indique le rapport de l'Organisation internationale pour les migrations (OIM).
«Nous nous attendons à ce que ces chiffres augmentent à mesure que les tensions transfrontalières perdurent» ou en cas d'escalade de la violence, a déclaré un porte-parole de l'OIM, Mohammedali Abunajela, dans un communiqué adressé à l'AFP.
Au moins 40 morts côté libanais
Depuis le début de la guerre déclenchée par l'attaque sans précédent du Hamas islamiste palestinien en Israël le 7 octobre, les affrontements sont quasi-quotidiens à la frontière israélo-libanaise et les craintes de voir le puissant Hezbollah pro-iranien ouvrir un nouveau front à partir du Liban sont vives.
L'attaque du Hamas a fait au moins 1 400 morts en Israël, pour la plupart des civils, selon des responsables israéliens et les frappes de représailles israéliennes à Gaza ont tué plus de 5 000 Palestiniens, parmi lesquels plus de 2 000 enfants, selon le ministère de la Santé de l'enclave.
Face aux attaques répétées, des dizaines de localités ont reçu l’ordre d’évacuer en Israël. L'armée israélienne répond par des bombardements sur des cibles dans le sud du Liban.
Au moins 40 personnes ont été tuées du côté libanais de la frontière, selon un décompte de l'AFP à partir de communiqués, sources officielles ou de sécurité, pour la plupart des combattants mais également au moins quatre civils, parmi lesquels le journaliste de Reuters Issam Abdallah. L'armée israélienne a de son côté fait état de quatre morts, trois soldats et un civil.
Le 22 octobre, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou a averti que le Hezbollah ferait «l'erreur de sa vie» en entrant en guerre contre Israël, et que les conséquences seraient «dévastatrices pour le Liban».
Le Liban, en proie à une crise socio-économique sans précédent, n'a pas mis en œuvre de plan d'évacuation, mais le Premier ministre Najib Mikati a déclaré que le pays élaborait une réponse d'urgence «par mesure de précaution».
La hantise de revivre 2006
Mohammedali Abunajela a déclaré que «face à la détérioration de la situation économique et à l'augmentation significative de la pauvreté [...], les déplacements internes pourraient ajouter une pression supplémentaire sur les ressources des communautés d'accueil».
La plupart des personnes déplacées sont hébergées chez des proches ou des amis, tandis que trois écoles, gérées par les autorités locales servent également d'abris dans le sud du pays, selon lui.
Même si les affrontements restent jusqu'ici relativement contenus, la probabilité que le Hezbollah s'implique davantage pourrait dépendre d’une éventuelle opération israélienne terrestre à Gaza, selon des analystes.
La crise économique au Liban a paralysé les services de base. «Le système de santé est confronté à de graves pénuries, notamment de médicaments», ainsi qu'à «une pénurie importante de médecins et d'infirmières qui ont quitté le pays en raison de la grave crise économique», a déclaré Mohammedali Abunajela.
«Dans ce contexte, répondre aux déplacements à grande échelle et aux conséquences sanitaires qui pourraient s'ensuivre pourrait submerger un système de santé déjà fragile», a-t-il averti.
La dernière guerre ayant opposé en 2006 Israël au Hezbollah avait fait 1 200 morts côté libanais, en majorité des civils, et 160 côté israélien, militaires pour la plupart.