Nicolas Sarkozy a dit «un certain nombre de vérités avec une liberté de ton qui tranche sur le conformisme ambiant».
Dans les colonnes du Figaro le 30 août, Luc Ferry a affiché son soutien à l’ancien président de la République. Ce dernier avait soulevé la polémique en faisait entendre une voix dissonante sur le conflit en Ukraine, lors d’un entretien avec le quotidien.
«Tant par son histoire, sa géographie et sa diversité culturelle explosive, l’Ukraine n’a vocation à entrer ni dans l’Otan ni dans l’UE», assène cet agrégé de philosophie, dans sa tribune. «Dire le contraire, c’est non seulement lui faire miroiter des fausses promesses, mais c’est prendre le risque, comme l’a démontré la guerre civile du Donbass, de la déchirer», poursuit-il.
Les États-Unis «grands gagnants» du conflit ukrainien, estime Luc Ferry
Dans sa démonstration, l’ancien ministre de l’Education nationale de Jacques Chirac estime que le conflit en Ukraine «plombe l’Europe» alors qu’il «bénéficie» aux États-Unis et à la Russie. Pour lui, ce sont les Américains qui à plusieurs titres sont les «grands gagnants» de ce conflit européen.
D’un point de vue économique tout d’abord puisque les États-Unis vendent «leurs centrales nucléaires à la Pologne, des F35 à l’Allemagne, le blé du Middle-West et le pétrole de schiste au monde entier» égraine Luc Ferry.
D’un point de vue politique, l’ancien ministre estime que le conflit ukrainien a permis à Joe Biden de sauver le camp démocrate aux élections de mi-mandat, ainsi que de donner un second souffle à l’Otan que le président français Emmanuel Macron avait déclarée «en état de mort cérébrale» fin 2019.
Par ailleurs, il estime que Vladimir Poutine a également su tirer son épingle du jeu. «Soutenu comme jamais par son peuple», le président russe est à ses yeux parvenu à fédérer autour de lui la «Chine, l’Inde, la Corée du Nord, l’Iran» ainsi qu’une «bonne vingtaine de pays d’Afrique».
«L’insulte prend toujours place quand l’argumentation fait défaut»
Un constat qui tranche avec celui qu’il dresse de la situation en Europe. Une Europe qu’il dépeint «empêtrée dans ses divisions», «minée par l’inflation», et qui «devenue bêtement atlantiste s’avère incapable de proposer un plan de paix».
Dans un entretien accordé au Figaro au cœur du mois d’août, le président Sarkozy s’était prononcé à rebours de la classe politique française, notamment sur les questions territoriales du Donbass et de la Crimée déclarant : «je pense que tout retour en arrière est illusoire», estimant que l’Ukraine doit rester un «pays neutre».
Des propos qui avaient suscité de vives réactions. «Plutôt qu’insulter Sarkozy de manière aussi vulgaire, on aurait aimé un débat argumenté», regrette aujourd’hui Luc Ferry. «Mais il est vrai que l’insulte prend toujours place quand l’argumentation fait défaut», assène-t-il fustigeant les «invectives» de ceux qui «considèrent depuis leur canapé que plaider pour la paix est forcément "munichois"».