A l'occasion de la sortie de la suite de ses mémoires politiques, Nicolas Sarkozy a accordé un entretien exclusif au Figaro, dans lequel il revient notamment sur les relations franco-russes et la guerre en Ukraine.
Malgré les nombreux désaccords qu'il relève entre les deux pays, Nicolas Sarkozy a estimé que la France et la Russie doivent trouver un terrain d'entente. «Nous avons besoin d'eux et ils ont besoin de nous», plaide-t-il. Jugeant que «Poutine a eu tort» d'intervenir en Ukraine, Nicolas Sarkozy poursuit toutefois : «Une fois que l'on a dit cela, il faut avancer et trouver une voie de sortie.» «La Russie est voisine de l'Europe et le restera», insiste-t-il.
Revenant sur la posture adoptée par Emmanuel Macron sur le dossier ukrainien, Nicolas Sarkozy juge qu'il a été dans une bonne démarche mais qu'en raison de la pression des pays de l'Est et des Américains, il n'a pas pu maintenir le cap. Il prône «une solution acceptable» avec des compromis, sinon «cette poudrière pourrait avoir des conséquences redoutables».
Un retour de la Crimée dans le giron ukrainien est «illusoire», selon Sarkozy
Lorsque Le Figaro l'interroge sur le jusqu'au-boutisme de cette guerre, Nicolas Sarkozy se questionne : «S'agit-il de récupérer le Donbass ? De reprendre la Crimée ? Ou bien d'ailler jusqu'à Moscou ?» Au sujet de la péninsule de Crimée, il admet que la «majorité de la population s'est toujours sentie russe». «Je pense que tout retour en arrière est illusoire», ajoute-t-il.
Pour ce qui est des autres régions disputées entre Kiev et Moscou, l'ancien président français propose, en cas de conflit gelé et de non victoire d'un camp sur l'autre sur le terrain, «des référendums strictement encadrés par la communauté internationale».
L'Ukraine doit rester «un pays neutre»
Revenant sur ses propos, qui avaient provoqué l'ire des autorités ukrainiennes concernant son refus de voir Kiev dans l'Union européenne et dans l'OTAN, Nicolas Sarkozy se justifie en déclarant que le territoire ukrainien «est un trait d'union entre l'Ouest et l'Est». L'Ukraine doit rester «un pays neutre», martèle-t-il, critiquant au passage les dirigeants qui réagissent «par pulsions».
A la tête de la France entre 2007 et 2012, l'ex-président se rappelle de la crise géorgienne en 2008. «Je l'avais convaincu [Vladimir Poutine] de retirer ses chars qui étaient à 25 kilomètres de Tbilissi», explique-t-il, en précisant qu'avec la chancelière allemande Angela Merkel, ils étaient «conscients de ses lignes rouges». D'ailleurs, Nicolas Sarkozy se félicite de s'être opposé aux pressions américaines de l'époque pour l'adhésion de la Géorgie et de l'Ukraine à l'OTAN, afin d'éviter notamment que la Russie dérive «vers une paranoïa anti-occidentale».
Le Président français avait en effet entretenu des relations cordiales avec son homologue russe. Moscou critique toutefois régulièrement l'intervention occidentale en Libye pour renverser Mouammar Kadhafi en 2011, poussée par Sarkozy et génératrice de chaos en Afrique.