Nouveau bras de fer en perspective, entre Bruxelles et les voisins européens de l’Ukraine ? Les autorités hongroises menacent depuis plusieurs jours de renforcer leur embargo sur les importations de céréales ukrainiennes, si la Commission européenne ne prolonge pas ses restrictions actuelles.
«Si l'UE ne prolonge pas l'interdiction d'importation de certains produits agricoles ukrainiens, qui expire le 15 septembre, alors la Hongrie imposera une interdiction sur l'importation non seulement de quatre cultures, mais aussi 24 produits afin de protéger le marché intérieur», a annoncé le 27 août le ministre hongrois de l'Agriculture István Nagy au site d’actualité agricole agrarszektor.hu.
Des déclarations dans la droite ligne de celles du chef de cabinet du Premier ministre Viktor Orban, Gergely Gulyas, qui avait assuré le 24 août que, faute d'autorisation de l'Union européenne, la Hongrie se tenait prête à réimposer unilatéralement, dès le 16 septembre, des mesures d’interdiction.
Une première prorogation acceptée en juin par Bruxelles
Ces dernières sont en vigueur depuis le mois d’avril. Face aux difficultés de leurs agriculteurs provoquées par l’afflux massif de grain ukrainien, la Hongrie, la Pologne, la Roumanie, la Bulgarie ainsi que la Slovaquie avaient annoncé des restrictions sur les importations de céréales ukrainiennes. Une décision unilatérale que Bruxelles avait jugé «inacceptable».
Deux semaines plus tard, le 28 avril, la finalisation d’un accord avec la Commission européenne était finalement annoncée concernant la mise en place de «mesures préventives exceptionnelles et temporaires» sur les graines de blé, de maïs, de colza et de tournesol dans les cinq pays européens limitrophes de l’Ukraine. Les importations de ces produits ukrainiens y seraient bloquées, sauf en cas de transit vers d'autres pays de l'UE ou des pays tiers. En prime, la Commission acceptait de remettre la main au portefeuille pour ces cinq pays en allouant à leurs agriculteurs une aide financière supplémentaire de 100 millions d’euros.
Début mai, à l’occasion d’une visite à Kiev d’Ursula von der Leyen, Volodymyr Zelensky avait fait savoir son mécontentement, estimant que ces mesures, «inacceptables» et «cruelles en temps de guerre», «ne peuvent que décevoir». Des mesures qui, aux yeux du ministre ukrainien de l'Agriculture, Mykola Solsky, revenaient «à donner des armes supplémentaires à Poutine contre l'unité de l'Europe».
Un mois plus tard, la Commission européenne donnait son feu vert à une première prorogation de ces interdictions, reportant leur fin du 30 juin au 15 septembre.