C’est «juste de l'arrogance et de l'impudence pures et simples», a fustigé Vladimir Poutine le 19 juillet, face au refus occidental d’accepter les conditions russes de l’accord céréalier en mer Noire, lors d'une réunion avec les membres du gouvernement russe retransmise à la télévision.
Cet accord, signé en 2022 sous l'égide de la Turquie et de l'ONU, a cessé de fonctionner le 18 juillet. Au lendemain de cette fin en raison de la non-reconduction russe, Vladimir Poutine a estimé que la Russie avait fait preuve «de patience, de tolérance», rapportant avoir espéré que «ses partenaires étrangers finiraient par remplir pleinement leurs obligations et leurs accords». «En fait, personne n'allait le faire», a-t-il tancé.
Jusqu’à présent, Moscou avait consenti à la prolongation, tous les 60 jours, de cet accord, malgré le non-respect du mémorandum Russie-ONU, qui prévoyait notamment la levée des sanctions visant les exportations russes d'aliments et d'engrais, la reconnexion de banques russes au système Swift, la reprise des approvisionnements en machines agricoles et pièces détachées, ainsi que la restauration du pipeline d'ammoniac Togliatti-Odessa.
La présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen a jugé la décision de Moscou «cynique». Vladimir Poutine «a décidé de faire de la nourriture une arme. Je pense que c'est une énorme erreur», a quant à lui déclaré Emmanuel Macron.
L'Occident a «tout fait pour faire dérailler l'accord»
«Au lieu d'aider les pays qui en ont réellement besoin, l'Occident a utilisé l'accord sur les céréales à des fins de chantage politique et en a fait un outil d'enrichissement de multinationales, de spéculateurs sur le marché mondial», a rétorqué le chef de l'Etat russe. Celui-ci a régulièrement fait valoir que «seulement un peu plus de 3%» des céréales avaient été livrées aux pays pauvres.
«Les pays occidentaux, au contraire, ont tout fait pour faire dérailler l'accord, malgré tous les efforts sincères du personnel de l'ONU», a jugé le président. Selon lui, la Russie s'est vue même empêchée d'envoyer son propre engrais aux pays les plus pauvres : sur 262 000 tonnes de produits bloqués dans les ports européens en raison des sanctions occidentales, seuls deux lots ont été expédiés, a précisé le dirigeant russe.
Le Kremlin conditionne son retour à l'accord
Néanmoins, Moscou envisagera la possibilité de revenir à l'accord si tous les principes de sa participation à celui-ci, «sans exception», sont «pris en compte et mis en œuvre», a déclaré le Vladimir Poutine.
Le 19 juillet, le ministère russe de la Défense a fait savoir que tous les navires naviguant dans les eaux de la mer Noire en partance des ports ukrainiens seraient désormais considérés comme des «transporteurs potentiels de marchandises militaires». L'armée russe a régulièrement accusé Kiev d'utiliser le corridor humanitaire à des fins militaires, par exemple pour attaquer la Crimée.