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Mois des fiertés au Liban : le Hezbollah s'insurge contre la structure morale qui «s'effondre»

Le Liban avait accueilli la première Gay Pride du monde arabe en 2017. Or, une partie de la société libanaise, dont le Hezbollah, critique une dérive provenant des Etats-Unis et milite contre l'influence du mois des fiertés.

En plein mois des fiertés LGBT, le groupe parlementaire du «Parti de Dieu», dans l'hémicycle libanais, condamne ouvertement la «perversité érotique» qui provient d'un Occident dont «la structure morale s'effondre».

Le mouvement pro-iranien Hezbollah dénonce notamment les «concepts et manifestations [de sexualité] anormaux et choquants qui sont promus au Liban, sans distinction d'appartenance ou de région». «Ces actions vont à l'encontre de la culture et des coutumes de notre peuple, de ses intérêts nationaux et de ses valeurs morales», ajoute-t-il.

Le communiqué du Hezbollah stipule également que «c'est un problème grave qui menace la société libanaise et la rend vulnérable à l'imitation aveugle d'un modèle occidental dont la structure morale s'effondre et dont les crimes contre les peuples et les États sont exposés à tous les niveaux économiques, éducatifs et comportementaux». 

L'ambassade américaine hisse le drapeau arc-en-ciel

Le Liban est devenu le premier pays arabe à organiser une Gay Pride en 2017. Or, face aux pressions politico-religieuses chrétiennes et musulmanes, les deux événements de 2018 et 2019 ont été annulés. Pour l'heure, aucune édition n'a été annoncée pour 2023.

L'ambassade des Etats-Unis à Beyrouth a pourtant hissé le drapeau des fiertés pour le mois de juin de cette année. L'Allemagne avait fait de même en levant un drapeau arc-en-ciel pour commémorer la Journée internationale contre l'homophobie, la biphobie et la transphobie (IDAHOT). Une manifestation avait eu lieu, exigeant son retrait. 

En mars dernier, le leader du Parti de Dieu, Hassan Nasrallah, avait réprouvé ce qu'il nommait la «tentative de modifier notre culture, dirigée par l'Occident». S'en prenant à la communauté LGBT, il avait critiqué une «culture très influente» venant «des États-Unis». «Elle n'est pas seulement démoniaque, elle a des effets réels», n'avait-il pas craint d'ajouter. 

La communauté LGBT libanaise se sent intimidée

Le ministre sortant de l'Intérieur, Bassam Maoulaoui, de confession musulmane sunnite, avait également envoyé en juin 2022 une lettre à la Sûreté générale et aux Forces de sécurité intérieure leur enjoignant d'empêcher les regroupements de personnes LGBT. Des pressions politiques qui avaient contraints les organisateurs d'annuler les événements pendant le mois des fiertés. 

Des hommes s'autoproclamant «les soldats du Seigneur» avaient aussi vandalisé des affiches LGBT dans un quartier chrétien de la capitale libanaise. Aujourd'hui, les rassemblements des minorités sexuelles au Liban se font dans des lieux non communiqués publiquement pour éviter les interdictions ou autres pressions politico-religieuses.

«C’est très intimidant et assez effrayant d’être une personne queer au Liban en ce moment», avait réagi Tarek Zeidan, directeur de l’association Helem, considérée comme le principal groupe arabe défendant les droits des LGBTQI+. «Nous craignons que ce soit le signe d’une nouvelle série de tentatives de restreindre les droits individuels, civils et politiques des personnes LGBTQI+», avait-il alors averti.

La loi libanaise, héritière de l'époque du mandat français, peut interdire selon l'article 534 les «rapports sexuels contraires à la nature». Néanmoins, avec la pression de certaines associations et d'une partie de la société civile vivant principalement à Beyrouth, les tribunaux ont pris des mesures visant à décriminaliser l'homosexualité.