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Assaut contre les lieux de pouvoir au Brésil : arrestation d'un ancien ministre de Jair Bolsonaro

Les autorités brésiliennes ont arrêté le 14 janvier un ex-ministre de Jair Bolsonaro. Elles accentuent la pression sur l'entourage de l'ancien président, visé par une enquête pour son rôle dans l'attaque violente contre les lieux de pouvoir.

Anderson Torres, qui était secrétaire de la Sécurité de Brasilia au moment de ces violences, a été «arrêté [le 14 janvier] à son arrivée à l'aéroport de Brasilia» dans le cadre de l'enquête sur les saccages, a annoncé la police fédérale brésilienne. 

L'ex-ministre, contre lequel avait été émis un mandat d'arrêt, «a été placé en détention et restera à la disposition de la justice», a-t-elle ajouté. Il devait comparaître le même jour pour sa première audience au tribunal. Soupçonné de connivence avec les émeutiers accusés d'avoir fomenté un remake de l'assaut du Capitole américain le 6 janvier 2021, Anderson Torres, qui clame son innocence, a été interpellé alors qu'il rentrait des Etats-Unis pour se présenter devant la justice.

Jair Bolsonaro accusé d'«incitation publique à l'exécution d'un crime» 

Son arrestation survient au lendemain de l'annonce par le juge de la Cour suprême Alexandre de Moraes de l'inclusion, comme le demandait le parquet général, de l'ancien chef d'Etat Jair Bolsonaro dans son enquête sur les éventuels instigateurs de ces violences.

Jair Bolsonaro, battu de justesse par le candidat de gauche Luiz Inacio Lula da Silva à la présidentielle d'octobre, «a effectué une incitation publique à l'exécution d'un crime» en diffusant sur les réseaux sociaux une vidéo «mettant en cause la régularité de l'élection présidentielle de 2022», avait expliqué le parquet dans un communiqué.

Cette vidéo a été publiée deux jours après l'invasion du siège de la présidence, du Congrès et de la Cour suprême par des milliers de partisans de Bolsonaro, puis effacée, a rappelé le parquet. Mais elle pourrait selon lui apporter «un lien de preuve» justifiant «une enquête globale sur les actes effectués avant et après le 8 janvier 2023» par Jair Bolsonaro. 

L'ancien président «n'a jamais eu le moindre lien ou participation avec ces mouvements», ont affirmé ses avocats dans un communiqué transmis à l'AFP, attribuant les violences de Brasilia à des éléments «infiltrés». Pour l'heure, les autorités brésiliennes n'ont pas engagé de procédure internationale, a déclaré l'actuel ministre de la Justice, Flavio Dino.

Ce dernier s'était dit prêt à lancer une procédure de demande d'extradition à l'encontre d'Anderson Torres, si ce dernier ne s'était pas rendu aux autorités brésiliennes d'ici le 16 janvier.

Un document compromettant

L'ancien ministre est mis en cause après la découverte d'un document de trois pages à son domicile : il prévoyait que le gouvernement fédéral prenne le contrôle du Tribunal supérieur électoral (TSE), qui veille à la bonne marche du scrutin, «pour assurer la préservation et le rétablissement de la transparence, et approuver la régularité du processus électoral de la présidentielle de 2022».

Une mesure considérée comme anticonstitutionnelle par de nombreux juristes. Dans la pratique, l'intention aurait été d'annuler l'élection de Lula. Le décret présidentiel – qui n'a jamais vu le jour – prévoyait la création d'une «commission de régulation électorale» pour remplacer le TSE, avec à sa tête une majorité de membres issus du ministère de la Défense (8 sur 17).

Le document n'est pas daté, mais le nom de Jair Bolsonaro se trouve à la fin, sur un espace prévu pour sa signature. Les événements du 8 janvier «étaient une action orchestrée», a déclaré le 14 janvier Flavio Dino à la télévision GloboNews. «L'emprisonnement d'Anderson Torres nous rapproche de l'identification du réseau qui a rendu cette attaque terroriste possible», a-t-il ajouté.

Anderson Torres avait déclaré dans la soirée du 12 janvier sur Twitter que ce brouillon se trouvait «probablement dans une pile de documents censée être détruite en temps voulu» et a affirmé que sa divulgation était hors contexte.

L'ancien ministre occupait depuis le 2 janvier le poste de chef de la sécurité du District fédéral de Brasilia, mais était parti en vacances juste après cette date.