La Chine a appelé le 5 janvier l'Organisation mondiale de la santé (OMS) à adopter une position «impartiale» sur le Covid-19, après des critiques portées par l'instance onusienne sur le bilan de l'épidémie fourni par Pékin.
Après la levée début décembre de l'essentiel des mesures adoptées dans le cadre de la stricte politique de «zéro Covid», la Chine connaît un rebond spectaculaire des contaminations et voit ses hôpitaux submergés par un afflux de malades, tandis que nombre de pharmacies manquent de médicaments contre la fièvre. Le gouvernement chinois a d'ailleurs interdit l'exportation de paracétamol, alors que le pays produit une grande partie du principe actif utilisé par les laboratoires à travers le monde.
Les autorités ne rapportent cependant que très peu de décès liés au Covid-19, après un changement de méthodologie controversé pour la comptabilité des victimes : désormais, seules les personnes décédées directement d'une insuffisance respiratoire liée au Covid-19 sont incluses dans les statistiques.
Cet ajustement a été critiqué par un certain nombre d’experts et par l'OMS, qui ont avancé qu’il ne permettait pas de refléter correctement la situation de l’épidémie. «Nous pensons que cette définition est trop étroite», a ainsi estimé le 4 janvier Michael Ryan, chargé de la gestion des situations d'urgence sanitaire à l'OMS. «Les chiffres actuels publiés par la Chine sous-représentent l'impact réel de la maladie en termes d'admissions hospitalières, d'admissions dans les soins intensifs et surtout en termes de décès», a-t-il insisté.
Pour sa part, le directeur général de l'OMS Tedros Adhanom Ghebreyesus a sollicité à nouveau de la part de Pékin «des données plus rapides, régulières et fiables sur les hospitalisations et les décès, ainsi qu'un séquençage du virus plus complet et en temps réel».
Pékin affirme fournir des «données fiables»
«Nous espérons que [...] l'OMS maintiendra une position basée sur la science, objective et impartiale et jouera un rôle actif dans la réponse mondiale aux défis de l'épidémie», a répliqué une porte-parole de la diplomatie chinoise, Mao Ning. «Depuis l'apparition de l'épidémie, la Chine partage des informations et des données fiables avec la communauté internationale, de façon ouverte et transparente», a-t-elle affirmé.
La Chine, qui compte 1,4 milliard d'habitants, n'a enregistré que 23 décès imputés au Covid-19 depuis décembre, en dépit d'une vague de contaminations sans précédent depuis trois ans. Malgré le rebond épidémique actuellement observé, les autorités chinoises ont prévu d’abandonner le 8 janvier les quarantaines obligatoires à l'arrivée en Chine, tandis que les Chinois seront à nouveau autorisés à voyager à l'étranger, après trois ans d’interdiction. En outre, la frontière entre Hong Kong et la Chine continentale, pratiquement fermée pendant la même période, sera aussi rouverte aux voyageurs à partir du 8 janvier.
Les Etats-Unis et une dizaine d'autres pays ont annoncé qu'ils exigeraient des tests négatifs pour les passagers en provenance de Chine. Depuis ce 5 janvier, les Etats-Unis requièrent ainsi à l'entrée du territoire un test Covid négatif, réalisé obligatoirement 48 heures avant le départ du territoire chinois. La France, l'Italie et l'Espagne ont adopté une mesure identique, l'Allemagne leur ayant emboîté le pas, ce 5 janvier.
L'Union européenne a quant à elle «vivement encouragé» ses Etats membres à imposer un dépistage réalisé en Chine avant le vol, ainsi qu’à compléter le test négatif par des «tests aléatoires» à l'arrivée des voyageurs sur le sol européen. Pékin avait condamné le 3 janvier l'imposition de tests par certains pays, les jugeant «inacceptables» et menaçant de prendre des «contre-mesures».