Alors que le nombre de contaminations au Covid-19 s'envole en Chine, plusieurs pays ont annoncé qu’ils allaient remettre en place des mesures de contrôle à leurs frontières pour les visiteurs en provenance de l’Empire du Milieu. Une initiative que ne perçoit pas d’un bon œil notre éditorialiste Alexis Poulin. «On voit bien que rien n’a été efficace et qu’un virus passe toutes les portes, y compris celles des portiques d’aéroport», rappelle-t-il, en évoquant certaines dispositions prises au tout début de la pandémie pour tenter d’enrayer la propagation du SRAS-CoV-2.
Notre commentateur craint, en effet, qu'un afflux de visiteurs venus de Chine ne serve d’«excuse» aux autorités européennes pour remettre au goût du jour des mesures restrictives contre les populations du Vieux Continent.
«On repart dans les délires qu’on a connus lors des vagues de Covid précédentes»
«On risque de retomber dans les errements du pass vaccinal, du pass sanitaire, qui sont une rupture de la liberté de circulation et de l’égalité entre les différents citoyens», estime l'éditorialiste. «Donc, c’est un discours qui m’inquiète parce que cela veut dire qu’on repart dans les délires qu’on a connus lors des vagues de Covid précédentes alors que la pandémie est passée selon certains experts scientifiques et que maintenant le Covid est là pour durer», poursuit-il, avant de conclure : «Il va falloir arrêter à un moment ces bêtises, sinon c’est un contrôle aux frontières de plus qui s’ajoute aux visas et aux contrôles douaniers».
On risque de retomber dans les errements du pass vaccinal, du pass sanitaire, qui sont une rupture de la liberté de circulation et de l’égalité entre les différents citoyens
Interrogé sur la dégradation continue de l'état des hôpitaux en France, dont les indicateurs servent au gouvernement pour fixer son cap en matière de mesures restrictives, Alexis Poulin y voit le résultat d’une «culture du management public où les cabinets de conseil ont pris une importance démesurée». Il dresse le constat d’un service public qui a «perdu en moyens» et «en capacités» au fil des ans, à force d’être toujours plus soumis à des impératifs de performances économiques.
Notre intervenant voit également dans la pénurie de soignants en France les séquelles du maintien – jusqu’à récemment – d’un numerus clausus dans plusieurs filières de formation aux métiers de la santé, ou encore de l’hémorragie de personnel causée par la dégradation des conditions de travail et de prise en charge des patients. Des facteurs auxquels est venue s’ajouter la décision, politique, de suspendre les soignants non vaccinés contre le Covid.
«On a un système de santé qui est en délabrement avancé»
«Donc aujourd’hui on a un système de santé qui est en délabrement avancé», affirme-t-il, «mais comme beaucoup d’autres services publics parce que le choix a été fait de faire de l’argent, de faire des économies et de ne pas investir dans des services publics qui autrefois étaient des joyaux et la fierté de la France.»
Alexis Poulin dresse un parallèle avec le manque de moyens, notamment, des pompiers. Celui-ci fut particulièrement criant lors de la lutte contre les incendies qui ont ravagé le Sud-Ouest de la France durant l’été 2022. Pourtant, les carences de la flotte tricolore de Canadair sont soulignées par le Sénat depuis plus de 15 ans. Cette situation de sous-investissement dans des services publics interpelle, de la part d’un Etat qui est par ailleurs champion des prélèvements fiscaux – et qui ne cesse de s’endetter.
«On sait que la France est en train de saper ses services publics, s’endette massivement, mais on ne sait pas où va cette dette, à quoi elle sert, qu’est-ce qu’elle finance parce que les services publics – santé, éducation, sécurité – s’effondrent, la justice aussi. Il y a un vrai problème en France sur l’utilisation de l’argent public et sur la gestion des services publics», conclut l’éditorialiste.