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Burkina Faso : manifestation à Ouagadougou contre une visite de la Cédéao

Plusieurs dizaines de personnes ont manifesté contre la venue d'une délégation de la Cédéao à Ougadougou le 4 octobre, moins d'une semaine après un nouveau putsch. Des slogans hostiles envers la France ont notamment été scandés.

Plusieurs dizaines de personnes manifestaient le 4 octobre à Ouagadougou contre la visite d'une délégation ouest-africaine venue évaluer la situation au Burkina Faso quelques jours après un deuxième coup d'Etat en huit mois.

Brandissant des drapeaux russes, les manifestants ont affiché leur hostilité à la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao) et à la France rapporte l'AFP.

«Non à l'ingérence de la Cédéao», «France dégage», «Ensemble disons non à la France», ou encore «Vive la coopération Russie-Burkina», pouvait-on entendre de la part des manifestants rassemblés sur l'avenue menant à la présidence burkinabè.

«Prise de contact»

La délégation de la Cédeao est arrivée dans la matinée et devait se rendre à la présidence pour y rencontrer le nouvel homme fort du pays, le capitaine Ibrahim Traoré, a appris l'AFP de source officielle burkinabè.

«Cette mission est une prise de contact avec les nouvelles autorités de la transition dans le cadre de l’accompagnement dont notre pays bénéficie» de la part de ses voisins ouest-africains, a déclaré dans un communiqué le capitaine Ibrahim Traoré, qui a renversé le 30 septembre dernier le lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba, lui-même arrivé au pouvoir lors d'un putsch en janvier.

Ibrahim Traoré en a profité pour prévenir les manifestants anti-Cédéao que «toute personne qui entreprendra des actes de nature à perturber le bon déroulement de la mission de la Cédeao se verra appliquer la rigueur de la loi». Regrettant «la circulation de messages appelant à empêcher le bon déroulement de cette mission», il a renouvelé «son appel au calme» et à «la retenue».

Avant la manifestation, de petits groupes avaient dressé dans la nuit des barrages dans le centre de Ouagadougou pour protester contre la venue de la délégation, et des messages appelant à entraver sa visite ont été postés sur les réseaux sociaux. Pendant le week-end, des bâtiments diplomatiques et représentant des intérêts de la France avaient été pris pour cible par des manifestants favorables au capitaine Ibrahim Traoré.

Après s'être dans un premier temps opposé à sa destitution, le lieutenant-colonel Sandaogo Damiba avait fini par accepter de démissionner le 2 octobre et partir à Lomé, au Togo. 

La Cédéao accusée d'être déconnectée des aspirations populaires en Afrique

La Cédéao est régulièrement accusée par ses opposants de défendre systématiquement les dirigeants en place sans tenir compte des aspirations populaires, et certains de ses responsables d'être inféodés à l'ancienne puissance coloniale française.

La délégation de la Cédéao à Ouagadougou est conduite par la ministre bissau-guinéenne des Affaires étrangères, Suzi Carla Barbosa, dont le pays assure la présidence de l'organisation, et comprend notamment l'ancien président nigérien Mahamadou Issoufou, médiateur pour le Burkina Faso.

Elle vient évaluer la situation au Burkina Faso après le départ de Sandaogo Damiba, à qui le capitaine Ibrahim Traoré reprochait en particulier «la dégradation continue de la situation sécuritaire» dans un pays miné par la violence djihadiste et où les attaques sanglantes contre civils et militaires se sont multipliées ces derniers mois.

Depuis 2015, les attaques régulières de mouvements armés affiliés à Al-Qaïda et à Daesh ont fait des milliers de morts et provoqué le déplacement de quelque deux millions de personnes.

Le capitaine Ibrahim Traoré a promis de respecter les engagements pris par son prédécesseur à l'égard de Cédéao sur l'organisation d'élections et un retour de civils au pouvoir au plus tard en juillet 2024.