Un déploiement de militaires a été constaté ce 1er octobre à la mi-journée sur plusieurs grands axes de la capitale du Burkina Faso après une rafale de tirs entendue par plusieurs témoins dans le centre-ville. L'AFP rapporte par ailleurs le survol de Ouagadougou par des hélicoptères ainsi que le départ précipité de commerçants.
Ce regain de tension survient au lendemain d'un coup de force au cours duquel des militaires ont démis de ses fonctions le lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba, président de la Transition burkinabaise, lui-même arrivé au pouvoir par un putsch fin janvier, désormais remplacé par un capitaine de 34 ans, Ibrahim Traoré.
Invoquant «la dégradation continue de la situation sécuritaire» dans le pays, les militaires à l'origine du nouveau coup de force ont annoncé la fermeture des frontières terrestres et aériennes ainsi que la suspension de la Constitution et la dissolution du gouvernement et de l'Assemblée législative de transition. Le Burkina Faso, un des pays pauvres du Sahel, connaît ici son second coup d'Etat en huit mois dans un contexte de profonde insécurité. Les djihadistes ont multiplié les attaques meurtrières dans le nord et l'est, où des villes sont désormais soumises à un blocus. Comme le rapporte l'AFP, deux convois de ravitaillement ont été attaqués en septembre, avec à chaque fois un bilan lourd.
Paul-Henri Sandaogo Damiba accusé de s'être réfugié à l'ambassade de France, Paris dément
Lors d'une nouvelle intervention télévisée diffusée ce 1er octobre, les militaires à l'origine de ce coup de force ont évoqué l'hypothèse que «Paul-Henri Sandaogo Damiba se serait réfugié au sein de l'ambassade française» en vue de planifier une contre-offensive.
«Cela fait suite à notre ferme volonté d'aller vers d'autres partenaires prêts à nous aider dans notre lutte contre le terrorisme. Nous invitons les vaillantes populations dignes et intègres à ne pas tomber dans le piège et à faire confiance en notre combat qui n'est autre que la restauration de l'intégrité territoriale. La patrie ou la mort, nous vaincrons», a déclaré un porte-parole des militaires en question.
Sur les réseaux sociaux, l'ambassade de France à Ouagadougou a pour sa part démenti «avec fermeté» toute implication de l'armée dans les événements des dernières heures ainsi que «les rumeurs selon lesquelles des autorités auraient été accueillies ou seraient sous protection de militaires».
Le ministère français des Affaires étrangères a également réagi dans un communiqué et «dément formellement toute implication dans les évènements en cours depuis hier au Burkina».
«Le camp où se trouvent nos forces françaises n'a jamais accueilli Paul-Henri Sandaogo Damiba, pas davantage que notre ambassade», a poursuivi Paris.
Réactions à l'international
Le président de la Commission de l'Union africaine (UA), le Tchadien Moussa Faki Mahamat, a condamné ce 1er octobre un «changement anticonstitutionnel de gouvernement». «Le président appelle les militaires à s'abstenir immédiatement et totalement de tout acte de violence ou de menaces aux populations civiles, aux libertés publiques, aux droits de l'homme», a écrit l'UA dans un bref communiqué.
Le président de la Commission de l'UA appelle également à «un strict respect des échéances électorales pour un retour à l'ordre constitutionnel au plus tard le 1er juillet 2024».
De son côté, le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell a dénoncé par voie de communiqué une opération «met[tant] en danger les efforts engagés depuis plusieurs mois, notamment de la part de la Cédéao, afin d’encadrer la Transition». «L’Union européenne en appelle au respect des engagements pris, qui ont été à la base de l’accord trouvé avec la Cédéao le 3 juillet dernier, afin d’accompagner le Burkina Faso vers un retour à l’ordre constitutionnel au plus tard le 1er juillet 2024», a également écrit le vice-président de la Commission européenne.