Lors d'un entretien téléphonique avec Recep Tayyip Erdogan, Vladimir Poutine «a fait part de sa position de principe quant au sabotage sans précédent, en l’occurrence un acte de terrorisme international, mené contre les gazoducs Nord Stream 1 et Nord Stream 2», rapporte ce 29 septembre le Kremlin dans un communiqué. Il a été noté durant l'entretien entre les présidents russe et turc «que la Russie soumettait cette question au Conseil de sécurité de l’ONU en vue d’une discussion urgente».
Quatre fuites ont été identifiées ces derniers jours en mer Baltique, au-dessus de ces gazoducs reliant la Russie à l'Allemagne.
Si les chancelleries occidentales n'ont pas accusé formellement Moscou d'être à l'origine du sabotage présumé, certains pays, dont la Pologne, ont suggéré que les dégradations pourraient être liées au conflit ukrainien, dans le cadre du bras de fer énergétique entre Moscou et l'Union européenne. L'OTAN a dénoncé ce 29 septembre des actes de sabotage «délibérés, inconsidérés et irresponsables» commis contre les gazoducs, tout en assurant qu'elle se défendrait contre l'utilisation de l'énergie à des «fins coercitives».
La Russie a pour sa part indiqué soupçonner l'implication d'un Etat étranger dans les quatre fuites, sans toutefois nommer un pays en particulier. «Il est très difficile d'imaginer qu'un tel acte terroriste puisse avoir lieu sans l'implication d'un Etat», a déclaré à la presse le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov ce 29 septembre également, tout en mettant en garde contre une «situation extrêmement dangereuse». «Il faudra une coopération entre plusieurs pays. Dans le contexte actuel, où l'on constate un grave déficit de communication et une réticence de nombreux pays à nous contacter dans des domaines aussi sensibles, de nombreuses questions se posent», a également dit le haut responsable russe. Les services de sécurité russes (FSB) ont ouvert une enquête pour «acte de terrorisme international» après le sabotage présumé des gazoducs.
Les Etats-Unis ont été pointés du doigt par certains commentateurs et responsables politiques à la suite de ces événements, en raison notamment de propos de Joe Biden tenus le 7 février 2022. Le président américain avait alors déclaré : «Si la Russie envahit les frontières de l'Ukraine alors, il n'y aura plus de Nord Stream 2. Nous y mettrons fin.» Interrogée sur ces propos lors d'une conférence de presse le 28 septembre à la Maison blanche, la porte-parole de la présidence américaine Karine Jean-Pierre a tenté de clarifier leur sens, affirmant que Joe Biden n'avait fait référence qu'à la collaboration avec l'Allemagne dans ce dossier, au moment où celle-ci s'apprêtait à geler le processus de certification de Nord Stream 2.