Ce sont les résidents des quartiers de Tekel, Mescit et Konak qui ont été principalement touchés par les bombardements. Les journalistes sur place indiquent la présence de vitres brisées, de débris jonchant les rues et de bâtiments criblés de balles.
«Des témoins ont indiqué que la police a commencé à tirer sur le salon de thé sans raison apparente», a expliqué à l’AFP Omer Onen, coprésident du parti kurde démocratique des peuples (HDP) à Diyarbakir. «Il n’y a pas d’accès aux moyens de communication, les gens sont au bord de la famine. Ils [les forces turques] ne nous ont pas donné l’autorisation de distribuer de la nourriture.»
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Le député du HDP Ziya Pir a revendiqué qu’un responsable du ministère de l’Intérieur lui a fait savoir que les forces de sécurité «comptaient effacer de la carte les trois quartiers de Silvan», cite le journal Evrensel.
Le couvre-feu met en danger la vie des habitants
Plusieurs personnes ont été tuées depuis que le couvre-feu a été décrété dans la ville le 3 novembre. L’AFP a rapporté l’existence de sept victimes, y compris deux civils et un policier. Le site local IMC a noté qu’un petit garçon avait été tué dans le bombardement.
«A Silvan, on peut être tué lorsqu’on boit du thé ou achète son pain, par des snipers ou des véhicules de la police», a annoncé un autre député du HDP Çaglar Demirel.
La députée du Parti démocratique des peuples (HDP, prokurde), Sibel Yigitalp a informé l’AFP que les soldats turcs «bombardent des zones où vivent des civils».
«Si vous utilisez des chars dans des zones d'habitation, alors cela veut dire que vous avez déclaré la guerre à votre peuple», a expliqué la députée.
Elle a plus tard indiqué à l’agence d’information Cihan que le HDP ne pouvait «recevoir aucune nouvelle des gens qui y habitent».
«Nous nous inquiétons pour eux. Ils ne peuvent même pas satisfaire leurs besoins les plus élémentaires sous le couvre-feu. Il n’y a pas d’électricité ou d’eau courante», a ajouté Sibel Yigitalp.
La ville de Silvan, qui compte quelque 43 000 personnes, connaît des affrontements entre l’armée turque et les membres du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) depuis le mois d’août.
Le PKK, formée en 1978, en conflit armé contre la Turquie depuis 1984, exige l’autodétermination des Kurdes, qui représentent de 10 à 25% de la population turque.
Le PKK est placée sur la liste officielle des organisations terroristes de la Turquie, des Etats-Unis et de l’OTAN. En octobre, Ankara a déployé des véhicules armés et des hélicoptères à Silvan. Au moins 17 membres de l’organisation ont été tués dans l’opération militaire.
Quant à la position du président turc, il a réaffirmé la semaine dernière sa volonté d’éradiquer le PKK. «Nous continuerons notre combat jusqu'à ce que cette organisation terroriste dépose les armes, que ses membres se rendent et quittent le sol turc», a annoncé Recep Erdogan.
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