La Pologne a assuré le 18 septembre qu'elle s'opposerait à «toute démarche» de Bruxelles visant à priver la Hongrie de 7,5 milliards d'euros de financements européens. La Commission européenne a pointé le même jour des risques de corruption dans ce pays, avec des «irrégularités» et des «carences» dans les procédures hongroises de passation des marchés publics, la proportion «anormalement» élevée de candidatures uniques pour ces contrats, ainsi que le manque de contrôle des conflits d'intérêt et de poursuites judiciaires en cas de soupçons de fraude.
«La Pologne va s'opposer de toute force à toute démarche des institutions européennes visant à priver de fonds un pays membre, en l'occurrence la Hongrie, de manière absolument non autorisée», a déclaré le Premier ministre polonais Mateusz Morawiecki lors d'un point de presse. Le chef du gouvernement conservateur polonais, lui aussi en tension avec Bruxelles qui l'accuse de non-respect de l'Etat de droit, a rappelé que son homologue hongrois Viktor Orban avait déjà préparé «un projet d'accord avec la Commission européenne».
L'instance européenne a accordé un délai à Budapest pour mener des réformes, la Hongrie s'étant engagée à mettre en œuvre 17 mesures clefs en réponse aux exigences de Bruxelles, dont un renforcement de la transparence des marchés publics. La Commission qui doit réévaluer la situation le 19 novembre a suggéré au Conseil – institution représentant les Etats membres à qui revient la décision finale – de suspendre deux tiers des fonds de trois programmes liés à la politique de cohésion, soit environ 7,5 milliards d'euros.
Bruxelles avait déclenché en avril à l'encontre de la Hongrie une procédure jamais utilisée jusque-là, qui peut conduire, en application d'un mécanisme de «conditionnalité», à suspendre des financements européens lorsque des atteintes aux principes de l'Etat de droit sont constatées.
La Hongrie, seul pays de l'UE dont le plan de relance post-Covid n'a toujours pas été validé, se trouve sous la pression de ses partenaires européens. Elle a été de plus été accusée le 14 septembre par le Parlement européen d'avoir laissé la démocratie et l'Etat de droit se déliter, dans un rapport qui a qualifié le pays de «régime hybride d'autocratie électorale». Budapest a dans la foulée dénoncé ce vote, le considérant comme «une insulte», selon le ministre des Affaires étrangères du pays Peter Szijjarto.