«Nous ne sommes pas même disposés à négocier des sanctions sur l'énergie, que ce soit le pétrole ou le gaz», a déclaré le 27 août Péter Szijjarto, ministre hongrois des Affaires étrangères lors d'un forum économique organisé à Tihany au sud-ouest de la capitale Budapest et mis en ligne sur Facebook.
«Il n'y a pas de sécurité d'approvisionnement énergétique en Europe sans l'utilisation de sources russes», a ajouté le chef de la diplomatie hongroise, affirmant que le gaz russe ne pouvait être remplacé dans un avenir proche.
Plus tôt, le 13 août, le ministère hongrois des Affaires étrangères avait annoncé que les négociations avec la Russie avaient abouti à la conclusion d'un «accord» qui permettrait à Gazprom d'augmenter ses livraisons de gaz dans le pays via le gazoduc Turkstream qui approvisionne la Hongrie en passant par la Serbie. Cela, conformément aux demandes formulées par Budapest au mois du juillet en prévision de l'hiver alors que la Commission européenne entend réduire de deux tiers la dépendance de l'UE à l'égard du gaz russe cette année.
Concernant le pétrole, la position du gouvernement hongrois va également à contre-courant de la politique de sanctions, impulsée par Bruxelles. Si les dirigeants de l'UE se sont mis d'accord dans la soirée du 30 mai pour réduire de quelque 90% leurs importations de pétrole russe d'ici la fin de l'année 2022 (embargo sur le pétrole brut dans les six mois et les produits raffinés dans les huit mois), une exemption temporaire a cependant été prévue pour le pétrole acheminé par oléoduc, afin de lever le veto de la Hongrie. La perspective d’une telle sanction avait d'ailleurs vivement fait réagir le premier ministre Viktor Orban, estimant qu’elle «équivaudrait à une bombe nucléaire larguée sur l’économie hongroise».
Feu vert de Budapest à la construction de deux réacteurs nucléaires par le russe Rosatom
En plus du volet des hydrocarbures, la Hongrie et la Russie ont passé une étape importante dans la coopération concernant le domaine du nucléaire. Le 26 août, l’Autorité de régulation nationale hongroise a ainsi donné son feu vert à la construction de deux réacteurs sur le site de la centrale nucléaire de Paks. Deux tranches de 1,2 gigawattheure chacune, qui seront construites par le russe Rosatom.
Ce contrat, signé depuis décembre 2014, devrait permettre à cette centrale hongroise, qui fournit déjà le tiers de l’électricité consommée dans le pays, de doubler sa capacité de production. Un «grand pas», une «étape importante» vers l’indépendance énergétique du pays, qu’a salué Péter Szijjarto.
«De cette manière, nous pouvons assurer la sécurité de l’approvisionnement énergétique de la Hongrie à long terme et protéger le peuple hongrois des fluctuations extrêmes des prix de l’énergie», s’est-il félicité dans une vidéo publiée sur son compte Facebook.
Une déclaration qui trouve un écho particulier dans l’actualité énergétique. En France, les prix de gros de l’électricité pour 2023 on le même jour franchit la barre des 1 000 euros le kilowattheure… contre 85 un an plus tôt. Le coût de ce projet, baptisé Paks II, s’élève à 12,5 milliards d’euros. Il est financé à hauteur de 80% par un prêt de la Russie, remboursable à partir de 2031.