Dans son intervention quotidienne sur Internet, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a affirmé le 8 septembre que ses troupes avaient repris à l'armée russe – qui mène une «opération militaire spéciale» en Ukraine depuis fin février – la localité de Balaklia située dans la région de Kharkov. «Les choses sont comme elles doivent l'être. Le drapeau ukrainien flotte sur une ville ukrainienne libérée, sous le ciel d'Ukraine», a affirmé le dirigeant, accompagnant son message d’une vidéo montrant, selon l'AFP, des soldats ukrainiens marchant dans cette ville de 27 000 habitants qu'avait conquise l'armée russe début mars.
Un haut responsable de l'administration russe dans la région de Kharkov (dans l'est de l'Ukraine), Vitali Gantchev, a quant à lui affirmé le 9 septembre sur la chaîne de télévision russe Rossiya 24 que des «combats acharnés» étaient en cours autour de la ville. «Nous ne contrôlons plus Balaklia», a-t-il déclaré, signalant aussi que des combats avaient lieu près de la localité de Chevtchenkovo, toujours dans la région de Kharkov. «Là aussi, les forces armées ukrainiennes essayent de briser les défenses», a-t-il indiqué, ajoutant que «des réserves [avaient] été envoyées là-bas depuis la Russie». Le ministère russe de la Défense n'a cependant pas fait d'annonce officielle sur ce point.
De plus, dans le Donbass, Kiev a affirmé que ses troupes avaient avancé de deux à trois kilomètres près de Kramatorsk et de Sloviansk et repris le village d'Ozernié. Parallèlement, dans le sud de l'Ukraine, les forces de Kiev ont annoncé avoir percé «profondément», jusqu'à «plusieurs dizaines de kilomètres», les lignes russes et «libéré plusieurs localités», selon Oleksiï Gromov, un haut responsable de l'état-major ukrainien.
Des annonces faites lors de la visite à Kiev de Blinken
Ces déclarations sur des gains territoriaux présumés ont été formulées au moment où le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken effectuait une visite surprise à Kiev, sa deuxième depuis le début de l'offensive russe en février, avec la promesse d'une nouvelle tranche d'aide de près de 3 milliards de dollars pour Kiev et 18 pays de la région, dont 675 millions destinés directement à l'Ukraine sous forme de livraisons d'armements, de munitions et de systèmes d'artillerie HIMARS.
«C'est trop tôt encore, mais on voit des progrès clairs et réels sur le terrain, notamment dans la zone autour de Kherson mais aussi des développements intéressants à l'est, dans le Donbass», a déclaré le haut responsable américain. La progression de la contre-offensive ukrainienne est «régulière», a en outre affirmé le chef d'état-major américain Mark Milley, à l'issue d'une réunion des pays membres de l'OTAN organisée sur la base américaine de Ramstein, en Allemagne. Le secrétaire d’Etat à la Défense américain, Lloyd Austin, s’est quant à lui réjoui d'un «succès manifeste» des forces ukrainiennes.
Moscou réfute tout changement significatif dans l'équilibre des forces
Réagissant aux allégations ukrainiennes le 8 septembre, le représentant permanent de la Russie auprès de l'ONU, Vassili Nebenzia, a indiqué que «quelques villages périphériques ont été pris» mais affirmé : «il ne s’agit évidemment pas d’une percée, loin s’en faut». Selon le diplomate, la contre-offensive ukrainienne lancée depuis environ une semaine a surtout servi d’«arrière-plan médiatique» à la réunion de l'OTAN en Allemagne, permettant de justifier de nouvelles livraisons d’armes occidentales.
«Il y a toutes les chances qu’on continue à jeter de l’huile sur le feu du conflit ukrainien», a considéré le diplomate, tout en affirmant que ces nouvelles livraisons d'armes américaines «ne pourront pas changer l’équilibre des forces», mais seulement reporter «l'agonie du régime de [Volodymyr] Zelensky» et prolonger «les souffrances du peuple ukrainien, que l’Occident sacrifie à sa lutte géopolitique avec la Russie». Selon Vassili Nebenzia, ces nouvelles fournitures de matériel à Kiev ne peuvent que rendre plus lointaines les perspectives de paix en Ukraine, une paix à laquelle aspire «la majorité absolue des membres de l’ONU, à l’exception du camp occidental», a-t-il lancé.
En outre, le lendemain, ce 9 septembre, la Défense russe a fait savoir que des troupes russes se déplaçaient vers la région de Kharkov et a publié des images d'une colonne militaire russe en déplacement, comprenant des véhicules blindés BTR-82A et des obusiers D-20, sans fournir plus de précisions.