Téhéran a apporté le 7 septembre un ferme démenti aux accusations de cyberattaque de Tirana qui a décidé dans la foulée de rompre ses relations diplomatiques avec la République islamique. Le Premier ministre albanais Edi Rama a en effet accusé l'Iran d'être à l'origine d'une «cyberattaque lourde contre les infrastructures numériques du gouvernement albanais ayant visé à les détruire», le 15 juillet dernier. «Une enquête approfondie nous a fourni la preuve indiscutable» que celle-ci avait été «orchestrée et parrainée» par Téhéran, a-t-il ajouté.
Dans un communiqué, «le ministère des Affaires étrangères estime que la décision de ce pays de rompre ses relations diplomatiques [...] en se basant sur des accusations infondées est une action malavisée et irréfléchie». De son côté, le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères, Nasser Kanaani, a jugé que la déclaration immédiate des Etats-Unis à la suite de la décision de l'Albanie, et sa couverture dans les médias israéliens «montrent l'existence d'un plan préparé à l'avance pour créer une crise politique contre l'Iran».
Après la décision de Tirana de rompre ses relations avec Téhéran et de renvoyer les corps diplomatiques iraniens, Washington s'est insurgé contre l'attaque présumée et promis son soutien à ce petit pays des Balkans.
Les Etats-Unis menacent l'Iran de représailles
«Les Etats-Unis condamnent sévèrement la cyberattaque de l'Iran contre notre allié dans l'OTAN, l'Albanie», a menacé la porte-parole du Conseil de sécurité nationale Adrienne Watson dans un communiqué. Après des décennies d'isolement sur la scène internationale sous la dictature d'Enver Hoxha, l'Albanie s'est résolument tournée vers les Occidentaux après la chute du régime communiste au début des années 1990, rejoignant l'OTAN en 2009 et se portant candidate à l'Union européenne.
De surcroît, Washington «prendra des mesures supplémentaires de manière à ce que l'Iran rende des comptes pour des agissements qui menacent la sécurité d'un allié des Etats-Unis et créent un précédent inquiétant», a-t-elle ajouté.
La porte-parole de la Maison Blanche Karine Jean-Pierre a quant à elle surenchéri que «les alliés de l'OTAN prendraient leurs propres décisions souveraines sur la manière de répondre à ces cyberattaques, y compris [...] le déclenchement éventuel de l'article 5», relatif à la défense collective.
Depuis 2013, l'Albanie accueille sur son sol, à la demande des Etats-Unis et de l'ONU, des membres de l'Organisation des moudjahidines du peuple d'Iran (OMPI), un mouvement en exil interdit en Iran constitué d'opposants farouches aux autorités iraniennes. En 2009 puis 2012, l'Union européenne et Washington les ont rayés de leurs listes des organisations terroristes.
Ce n'est pas la première fois que des tensions apparaissent entre l'Albanie et l'Iran. Depuis décembre 2018, quatre diplomates iraniens à Tirana, dont l'ambassadeur, ont déjà été expulsés par l'Albanie, accusés «d’activités nuisant à la sécurité nationale». Les opposants iraniens les avaient pour leur part accusés d'être des «agents des services secrets iraniens mettant en danger leur vie en Albanie».
Alors que les Etats-Unis et l'Iran reprennent la route de Vienne pour négocier un accord sur le nucléaire iranien, l'affaire de la cyberattaque albanaise risque de compliquer davantage ce dossier épineux.