Deux employés de l'ambassade russe à Kaboul et quatre Afghans ont été tués le 5 septembre aux abords du bâtiment dans un attentat suicide revendiqué par le groupe terroriste Daesh, dans la première attaque contre une représentation diplomatique depuis le retour au pouvoir des Taliban en août 2021. L'attaque terroriste a eu lieu à 10h50, heure locale, à proximité de l’entrée de la section consulaire de l’ambassade de Russie à Kaboul. Le ministère russe des Affaires étrangères a confirmé qu'un diplomate et un garde russes de l'ambassade ont été tués.
Le porte-parole du ministère afghan de l'Intérieur, Abdul Nafy Takor, a confirmé dans un tweet la mort des deux employés de l'ambassade russe et ajouté que «quatre compatriotes civils» avaient été tués et « plusieurs autres blessés», après avoir affirmé dans un premier temps à l'AFP que le kamikaze avait été abattu «avant d'avoir pu atteindre sa cible».
«On parle là d'un attentat terroriste. C'est inacceptable», a rapidement condamné le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov.
Daesh a revendiqué l'attaque dans un communiqué publié sur la messagerie Telegram. Un combattant de l'organisation terroriste a «actionné sa ceinture explosive lors d'un rassemblement auquel assistaient des employés russes» près de l'ambassade, a indiqué le groupe.
«Concernant la situation dans la région, la menace terroriste ne disparaît pas, y compris du territoire d’Afghanistan », a fait remarquer Sergueï Lavrov, ministre russe des Affaires étrangères, qui a également annoncé le renforcement de la sécurité autour de l'ambassade, située sur l'une des principales routes de Kaboul menant à l'ancien Parlement.
«Les moyens des services de renseignement et de contre-espionnage afghans ont été utilisés», a ajouté le chef de la diplomatie russe, appelant à punir les auteurs de l'attaque «dès que possible».
Le ministère afghan des Affaires étrangères a de son côté précisé qu'une enquête avait été ouverte. Les autorités «ne permettront pas aux ennemis de saboter les relations entre les deux pays par des actions aussi négatives», a-t-il ajouté. La Russie est l'un des rares pays à avoir maintenu son ambassade ouverte après la reprise du pouvoir par les Taliban en août 2021, sans toutefois avoir reconnu leur gouvernement.
Le secrétaire général de l'ONU, Antonio Gutteres, a «fermement» condamné l'attentat et exprimé ses condoléances aux familles. La mission des Nations unies en Afghanistan, qui a condamné l'attaque, a souligné dans un tweet «la nécessité pour les autorités de prendre des mesures pour assurer la sécurité de la population et des missions diplomatiques».
Recrudescence d'attentats perpétrés par Daesh
Si la violence a diminué depuis le retour au pouvoir des talibans l'année dernière, plusieurs attentats à la bombe - visant notamment des communautés minoritaires - ont secoué le pays ces derniers mois, dont beaucoup ont été revendiqués par Daesh, plus précisément par son émanation locale, Daesh au Khorassan (Daesh-K).
Le 2 septembre, une énorme explosion a secoué l'une des plus grandes mosquées d'Hérat, dans l'ouest de l'Afghanistan, tuant 18 personnes dont son influent imam, Mujib ur Rahman Ansari. L'imam, qui avait appelé à la décapitation de ceux qui commettraient le moindre «acte» contre le gouvernement, est le deuxième religieux pro-taliban à être tué dans une explosion en moins d'un mois, après l'attentat suicide du 11 août ayant visé Rahimullah Haqqani dans sa madrassa à Kaboul.
Plusieurs mosquées du pays ont été prises pour cible cette année, certaines dans des attaques revendiquées par Daesh. Une série d'attentats à la bombe a frappé le pays fin avril, pendant le mois sacré de ramadan, et fin mai, dans lesquels des dizaines de personnes ont trouvé la mort. Début août, c'est un quartier chiite de Kaboul qui a été visé par un attentat.
Daesh a principalement visé des communautés minoritaires telles que les chiites, les soufis et les sikhs, mais s'en est aussi pris aux Taliban. Les chefs des deux groupes revendiquent le même statut de commandant des croyants («amir el mou’minin»). De surcroît, les deux belligérants répondent à des logiques politiques antinomiques : l’un est profondément d’obédience islamo-nationaliste, alors que l’autre professe une idéologie djihadiste transnationale. Depuis qu'ils ont pris le pouvoir en août 2021, les Taliban sont plus que jamais confrontés à une réelle menace sécuritaire sur l'ensemble du territoire.