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Des responsables taliban visés dans un nouvel attentat, la menace de Daech-K plane sur l'Afghanistan

Un an après le retrait des troupes étrangères d'Afghanistan, en plus d'être confrontés à une grave crise économique, les Taliban font face à la recrudescence des attentats perpétrés par Daech au Khorassan. Le dernier en date a tué un influent imam.

Une énorme explosion a secoué ce 2 septembre une des plus grandes mosquées d'Hérat, dans l'ouest de l'Afghanistan, tuant son influent imam et faisant une vingtaine d'autres victimes, selon un bilan communiqué par le gouvernement dont fait état l'AFP.

Mujib ur Rahman Ansari, un religieux de renom et soutien de premier rang des Taliban, a été tué dans «une attaque brutale vendredi à Hérat», a ainsi indiqué sur Twitter le porte-parole du gouvernement, Zabihullah Mujahid. «L'Emirat islamique exprime son profond chagrin pour sa mort et les responsables de cet incident seront punis pour leurs actes haineux», a-t-il promis.

L'explosion a eu lieu à la mosquée Gazargah, l'une des principales d'Hérat, dont Mujib ur Rahman Ansari était l'imam, et a fait de nombreuses autres victimes, a rapporté TOLOnews, la principale chaîne privée du pays. 

A la tribune d'une assemblée de dignitaires religieux à Kaboul au début juillet, Ansari avait déclaré que quiconque tenterait de renverser le pouvoir taliban devrait être décapité. «Ce drapeau [taliban] n'a pas été hissé facilement, et il ne sera pas abaissé facilement», avait-il dit, ajoutant : «Tous les érudits religieux d'Afghanistan devraient convenir [...] que quiconque commet le moindre acte contre notre gouvernement islamique devrait être décapité et éliminé.»

Les Taliban font inexorablement face à Daech

L'avant-veille de l'attentat, le 31 août, les Taliban paradaient pour fêter l'anniversaire du départ des troupes étrangères, avec chants de victoire et défilé militaire des équipements abandonnés par les soldats américains, célébrant leur retour au pouvoir après 20 ans de guerre.

Toutefois le départ des Américains d'Afghanistan n'a pas mis fin aux problèmes. Pire, les Taliban font face à une recrudescence d'attentats perpétrés par Daexh au Khorassan (Daesh-K). Au moins 21 personnes ont été tuées et 33 blessées dans un attentat à l'explosif sur une mosquée de Kaboul le 17 août. Sur Twitter, la mission de l'ONU en Afghanistan (Minua) a «déploré» l'attentat, «le dernier d'une série inquiétante d'attentats à la bombe qui ont tué et blessé plus de 250 personnes ces dernières semaines, le plus grand nombre mensuel de victimes civiles depuis un an»Le 11 août, les terroristes de Daech-K ont assassiné Rahimullah Haqqani, un haut dignitaire religieux taliban, connu pour ses discours enflammés contre l’organisation. Et début août, c'est un quartier chiite de Kaboul qui a été visé par un attentat

Problème : si les Taliban veulent garder l'espoir d'une reconnaissance internationale et bénéficier de l'aide extérieure, ils vont devoir résister à l'expansion de Daech-K car selon les termes de l'accord de Doha de février 2020, en contrepartie du départ des troupes étrangères, les Taliban devaient s'engager à ce que le pays ne redevienne pas un sanctuaire de terroristes comme en 2001.

Ce n’est pas la première que les Taliban vont devoir combattre l'organisation Etat islamique. En plein expansion en Syrie et en Irak, les terroristes de Daech s'étaient en effet implantés en Afghanistan à partir de janvier 2015 sur des terres talibanes. Ils se sont installés dans les régions de Kounar et de Nangarhar à la frontière pakistanaise ou ils seraient encore entre 1500 et 2200 combattants.

Les Taliban et Daech se sont affrontés à plusieurs reprises pour des raisons idéologiques. Les chefs des deux groupes revendiquent le même statut de commandant des croyants («amir el mou’minin»). De surcroît, les deux belligérants répondent à des logiques politiques antinomiques, l’un est profondément d’obédience islamo-nationaliste, alors que l’autre est dans une idéologie djihadiste transnational. Depuis qu'ils ont pris le pouvoir en août 2021, les Taliban sont plus que jamais confrontés à une réelle menace sécuritaire sur l'ensemble du territoire.

Alors que le pays est privé d'aide internationale, qui constituait jusqu'alors 80% de son budget, et que 95% de la population ne mange pas à sa faim, les Taliban ont encore du chemin devant eux pour sanctuariser leur pouvoir en Afghanistan.