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BHL, oubliant le cours du rouble, estime que «l'économie russe est à genoux»

Ardent soutien de l'Ukraine, l'écrivain controversé a jugé le 29 août sur LCI que la Russie était en train de s'effondrer économiquement. Une affirmation démentie par le cours élevé de sa monnaie.

Interviewé sur LCI, Bernard-Henri Lévy a livré à nouveau son analyse de l'évolution du conflit en Ukraine le 29 août, se disant persuadé de la solidité de l'unité de l'Occident face à Moscou, qui serait, selon lui, en proie à une grave crise économique.

Interrogé sur les propos du ministre français de l'Economie Bruno Le Maire, qui avait prédit en mars un effondrement de l'économie russe sous le coup des sanctions occidentales – avant de rétropédaler – et sur les difficultés qu'affrontent les économies européennes en raison de la crise énergétique, BHL a adopté un ton pour le moins définitif. «L'économie russe s'est effondrée», a-t-il affirmé, jugeant qu'à l'exception du secteur pétrolier et gazier, «la Russie est à genoux». «L'appareil productif est à l'arrêt, la population est démoralisée», a-t-il assené. 

«Le rouble ne s'est pas effondré, loin de là, il se porte bien», objecte alors Darius Rochebin, ce qui n'a guère troublé BHL, qui a répété sans ciller ses propos. «Ce qu'espéraient les démocrates, c'est que l'économie russe s'effondre, que l'armée russe se démoralise», a-t-il ajouté, toujours aussi sûr de la défaite du président russe Vladimir Poutine, qu'il appelait déjà de ses vœux en juin.

Les affirmations du philosophe médiatique sont cependant contredites par les faits : si le PIB de la Russie s'est effectivement contracté de de 4% au deuxième trimestre par rapport à la même période en 2021, tandis que l'inflation atteint des niveaux élevés – comme dans de nombreux pays – le rouble a fort bien résisté aux sanctions occidentales en devenant la monnaie la plus performante de 2022, notamment grâce à des mesures de contrôle de capitaux mises en places par les autorités. Le 29 juin au matin, le billet vert se négociait à moins de 51 roubles selon l'AFP, du jamais-vu depuis le printemps 2015. Deux mois plus tard, il se maintient à 60 roubles pour un dollar.

Et, malgré le départ d'une série de firmes occidentales, il paraît pour le moins exagéré de diagnostiquer un «effondrement» de l'économie russe. «Les sanctions contre l'économie russe tardent à produire leurs effets», remarque ainsi prudemment RFI, évoquant «l'étonnante résilience» de cette dernière alors que «la sobriété est devenue le mot d'ordre de la rentrée» en Europe et aux Etats-Unis.