France

Bernard Cazeneuve tente-t-il de désengorger la jungle de Calais avant les élections régionales ?

Si les associations d'aide aux réfugiés félicitent le gouvernement pour l'ouverture de centres d’accueil, elles dénoncent aussi le placement de certains réfugiés dans des centres de rétention afin de réduire le nombre de migrants à Calais.

Le gouvernement tente-t-il de réduire le nombre de migrants présents à Calais avant les élections régionales ? Selon les associations d’aide aux migrants, il n’y aurait plus, aujourd’hui, que 4 500 réfugiés et demandeurs d’asile à Calais, alors qu'ils étaient encore plus de 6 000 il y a quelques semaines.

Selon les associations, Bernard Cazeneuve aurait mis en place un plan pour vider discrètement la «jungle» de Calais. Le ministre de l’Intérieur aurait ainsi demandé, selon le JDD, aux préfets d’ouvrir, dans toute la France, des centres d’accueil et d’orientation pour les migrants acceptant de renoncer à se rendre en Angleterre. «Un plan d’hébergement semble être mis en œuvre auprès des migrants de Calais sur une base volontaire », constate France Terre d’Asile dans un communiqué. Plusieurs bâtiments, des hôtels, des centres de loisirs auraient ainsi été réquisitionnés ces derniers jours en province.

Vendredi, plus de 900 personnes avaient déjà répondu favorablement aux fonctionnaires qui sillonnent le camp pour les convaincre de partir. Une initiative appréciée par les associations, qui demandent depuis longtemps cette mise à l’abri. Pour France Terre d’Asile, par exemple, cette mesure est «le signe d’une volonté des pouvoirs publics d’apporter une réponse concrète et d’ampleur aux besoins d’accueil et de protection des migrants à Calais».

En revanche, la seconde partie du plan de Bernard Cazeneuve ne fait pas que des heureux. Les associations reprochent en effet au ministre de l’Intérieur d’utiliser les centres de rétention en guise de centres d’accueil afin de tronquer les chiffres. «Cette pratique n’est pas conforme à la finalité légale de la rétention et occasionne des souffrances injustifiées aux personnes qui en sont victimes», dénonce France Terre d’Asile dans un communiqué. «L’objectif étant, à travers la rétention, de désengorger Calais », croit savoir l’association.

Et depuis plusieurs jours en effet, les associations présentes dans ces centres de rétention voient arriver des migrants. «A ce jour, près de 600 personnes ont été déplacées puis enfermées dans sept centres de rétention administrative (CRA), à Marseille, au Mesnil-Amelot, à Metz, Nîmes, Paris-Vincennes, Rouen et Toulouse », écrit par exemple la Cimade dans un communiqué. Une politique «absurde», selon l’association.

Car les demandeurs d’asile n’ont rien à faire dans ces centres destinés aux étrangers interpellés en situation irrégulière. Et très rapidement après leur arrivée, ces réfugiés écartés de Calais sont donc libérés. Et la grande majorité retourne à Calais. «99 % des personnes enfermées sont libérées dans les 5 premiers jours de leur enfermement en CRA. La plupart sont déjà de retour à Calais », dénonce la Cimade. «Un Syrien enfermé au CRA de Metz 5 jours fin octobre a été une nouvelle fois privé de liberté au CRA du Mesnil-Amelot du 2 au 3 novembre, après deux nuits dans les campements de Calais», explique ainsi l’association, qui incite le gouvernement à «changer radicalement de politique».

Sauf qu’à quelques jours des élections régionales, parvenir à vider en partie la jungle de Calais ne peut pas faire de mal au Parti socialiste. Surtout dans une région où Marine Le Pen semble en passe de s’imposer.