Dans un article publié ce 29 avril, Mediapart rapporte que la députée de La République en marche (LREM) et présidente déléguée du groupe de la majorité à l’Assemblée nationale, Coralie Dubost, «a multiplié les usages inappropriés de ses frais de mandat» – des notes de frais qualifiées de «mirobolantes» par le média d'investigation.
Ce dernier s'appuie sur un rapport remis à l’Assemblée nationale au printemps 2021. Il fait suite au déclenchement d'une enquête interne par la cellule anti-harcèlement de l’Assemblée nationale, après une «alerte collective» lancée par certains anciens collaborateurs de l'élue.
Dépenses vestimentaires et restaurants
Les frais suspects concernent notamment des «dépenses vestimentaires mensuelles selon une fourchette allant de 1 500 à 2 000 euros», selon le document consulté par Mediapart.
«Point culminant des dépenses, en octobre 2018, l’élue a dépensé plus de 3 300 euros de vêtements en un mois, notamment sur des sites de vente en ligne comme Vente privée, Place des tendances ou Showroom privé. Le mois précédent, ses frais d’habillement et d’accessoires s’étaient élevés à 2 600 euros. Le suivant, la facture atteignait 2 500 euros, notamment auprès de marques comme Sézane ou The Kooples», écrit le site d'investigation, évoquant également plus de 500 euros d’argent public qui auraient été dépensés en 2018 dans... des enseignes de lingerie.
Des dépenses réalisées des espaces de loisirs soulèvent également des interrogations, selon Mediapart : 194 euros de frais de mandat dépensés dans un restaurant de plage de Palavas-les-Flots, «qui loue des transats à la journée», selon Mediapart, ainsi que des réservations au restaurant La Plage, dans le domaine de Verchant (5 étoiles) de la région de Montpellier.
Selon Mediapart, «l’enveloppe de frais mensuels de 5 373 euros allouée par l’Assemblée» n'a pas suffit à l'élue LREM : début 2019, la député aurait contracté un prêt auprès de La Banque postale, qui gère les comptes AFM (avance de frais de mandat) de chaque parlementaire, afin de faire face à un découvert dépassant les 7 000 euros. L'élue aurait alors, selon la même source, prétexté de travaux à faire dans sa permanence – travaux qui seraient en réalité inexistants.
Coralie Dubost affirma avoir tout remis en ordre
L'intéressée affirme auprès de Mediapart avoir remboursé les frais qui n'étaient pas liés à son activité parlementaire, après avoir fait l’objet, pour les années 2018 et 2019, d’un contrôle opéré par la déontologue de l’Assemblée nationale.
Selon le média, l'élue refuse néanmoins de préciser quelles dépenses précisément ont été remboursées et pour quel montant total. Coralie Dubost précise néanmoins avoir «contracté un prêt personnel» pour régler l’ardoise des frais indus. A propos de ces derniers, la députée affirme en outre qu'un de ses anciens collaborateurs l’aurait induite en erreur sur ce qu’il était possible ou non de faire en matière de notes de frais : « Il m’a mal conseillée, j’ai été stupide [...], je ne suis pas une tricheuse », assure-t-elle au site d'investigation.
La députée défend par ailleurs la pertinence de certaines dépenses relevées par Mediapart, au regard de son activité parlementaire : à propos de l'achat de vêtements de marque par exemple, elle fait valoir qu'«il y a des tenues mandat et les tenues perso» ; au sujet du restaurant La Plage, elle évoque «plusieurs rendez-vous de mandat», des « temps de travail comme de team building en équipe».
Egalement contactée par Mediapart, la présidence de l’Assemblée nationale, déclare que pour des raisons de confidentialité, elle «n’a pas connaissance des signalements réalisés par la cellule [anti-harcèlement] et n’est en aucun cas destinataire des rapports qu’elle peut produire ».