France

«Copinage», «népotisme» : la disparition du corps diplomatique déclenche un tollé dans l'opposition

La publication du décret entérinant la disparition du corps diplomatique a suscité de nombreuses réactions indignées de la part de plusieurs personnalités politiques à une semaine du second tour de l'élection présidentielle.

Le 16 avril, le journal officiel a publié le décret entérinant la suppression du corps diplomatique au profit d’un corps interministériel unique, celui des «administrateurs d’Etat». La mesure concerne précisément deux corps de la diplomatie française : les conseillers des affaires étrangères et les ministres plénipotentiaires. 

Souhaitée par Emmanuel Macron dans le cadre de sa réforme de la fonction publique, cette suppression a suscité de nombreuses réactions au sein de la classe politique française. C'est notamment le cas de Marine Le Pen. La candidate RN qui sera opposée à Emmanuel Macron le 24 avril, juge qu'au travers de cette réforme, le président sortant a pour ambition de «remplacer des serviteurs de l'Etat impartiaux par du copinage». Une fois élue, elle promet de rétablir «un statut de diplomate fondé sur le mérite et l’intérêt national».

Jean-Luc Mélenchon n'est pas en reste sur le sujet. «La France voit détruire au bout de plusieurs siècles son réseau diplomatique. Le 2e du monde. Les copains de promo vont pouvoir être nommés. Immense tristesse», se désolé le chef de la France insoumise.

«La fin d’une époque, le corps diplomatique est officiellement supprimé sur l’autel du nouveau monde. Il était le deuxième le plus important au monde avec une histoire incomparable. Macron abat en ce jour, un nouveau pilier de notre Etat régalien», s'émeut pour sa part Eric Ciotti.

«Après la suppression du corps préfectoral. Ce sont les piliers de la France que Macron détruit ! Pour l’affaiblir et avoir les nominations à sa main : copinage et népotisme !», fustige Florian Philippot.

L'ancien diplomate Gérard Araud estime que suite à cette réforme, la France sera maintenant «le seul grand pays occidental sans diplomates professionnels». «Une histoire de plusieurs siècles s’achève ainsi. La porte est désormais ouverte aux nominations à l’américaine», cingle-t-il.

Réagissant aux propos de Gérard Araud, François Asselineau fustige ce qu'il estime être la volonté d'Emmanuel Macron de «détruire la France».

Quant Nathalie Goulet, sénatrice de Normandie, et ancienne vice-présidente de la commission des Affaires étrangères, de la Défense et des Forces armées, elle appelle les médias français à interpeller Emmanuel Macron sur une réforme qui selon elle, «laisse la place aux nominations du fait du Prince».

Emmanuel Macron avait annoncé le 8 avril 2021 la suppression de l'ENA et la fin des grands corps (Conseil d'Etat, Cour des comptes, Inspection des finances, Mines, Ponts etc.). La prestigieuse Ecole nationale d'administration allait être supprimée et remplacée par un «Institut du Service public» (ISP), qui devra «sélectionner des profils moins déterminés socialement». Quant aux 16 corps concernés par la réforme, ils seront fondus dans un vaste ensemble des «administrateurs de l’État» censé rassembler l’élite des fonctionnaires.

L'annonce de la suppression de l'ENA et des grands corps avait déjà suscité de nombreuses critiques, certaines personnalités, jugeant qu'il s'agissait d'un «coup de com» prétendant répondre à une demande que les Gilets jaunes n'avaient pas formulée.