France

Présidentielle : Les Républicains s'écharpent sur les consignes de vote pour le second tour

Alors que des ténors de la droite LR ont appelé à voter pour Emmanuel Macron au second tour, un certain nombre de voix dissonantes se sont fait entendre pour affirmer qu'elles ne voteraient pas pour le président sortant le 24 avril.

Est-ce la fin des Républicains ? Avec 4,79% des voix au premier tour de l’élection présidentielle selon les derniers résultats, un score considéré comme humiliant, la droite LR a vu son socle électoral fondre comme neige au soleil. Valérie Pécresse arrive en cinquième position, derrière Eric Zemmour et très loin du score de François Fillon en 2017 (20,7%).

Jamais le parti, éliminé dès le premier tour pour la deuxième fois consécutive, n’était descendu aussi bas lors d’une élection sous la Ve République. Ce naufrage électoral a provoqué de nombreuses dissensions au sein des rangs LR, notamment sur les consignes de vote à donner pour le second tour.

Prenant la parole suite à l'annonce des résultats, Valérie Pécresse a déclaré qu'elle voterait «en conscience Emmanuel Macron pour empêcher l'arrivée au pouvoir de Marine Le Pen et le chaos qui en résulterait». Admettant ne pas être «propriétaire des suffrages qui se sont portés sur [son] nom», elle a invité ses électeurs à peser les «conséquences potentiellement désastreuses» d'un choix différent du sien.

Les ténors de la droite LR se sont majoritairement joints à cet appel. C'est notamment le cas de Christian Jacob, Xavier Bertrand, Michel Barnier et Rachida Dati qui ont appelé à voter pour le président sortant.

«Aucune voix ne peut se porter sur Marine Le Pen» au deuxième tour, a averti le président des Républicains, Christian Jacob devant un parterre de journalistes.

«Je mettrai un bulletin Macron, parce qu'il ne faut pas tergiverser […] si on veut éviter Le Pen, le Front national à la tête de la France, il n'y a que le bulletin Macron qui pourra l'empêcher, ni le vote blanc ni l’abstention», a expliqué sur RTL Xavier Bertrand. «Notre famille politique doit forcément se reconstruire […] mais l’urgence aujourd’hui c’est d’empêcher le FN», a-t-il ajouté.

«Moi, je vais voter pour [Emmanuel Macron] sans état d’âme», a déclaré sur France Inter Michel Barnier. «La droite [est] en partie chez Zemmour, peut-être chez Le Pen et une grande partie chez Emmanuel Macron. Je pense que ce n’est pas bien pour l’équilibre du pays. Le pays a besoin de respiration et de pôles et d’équilibre. L’erreur de Monsieur Macron, c'est d’avoir voulu faire le vide entre lui et les extrêmes. Il y est parvenu, mais il faut faire attention», a ajouté l'ancien commissaire européen.

Quant à Rachida Dati, elle s'interroge sur les conséquences d'une présidence RN, avertissant que «les premières victimes de l'extrême droite [...] seront les plus fragiles, les plus modestes, les classes populaires, les classes moyennes, ceux qui n'auront pas d'autre choix que de subir ce courant politique».

Des voix dissonantes s'élèvent pour refuser le front républicain 

Cependant, un autre son de cloche se fait entendre parmi certaines figures majeures du parti. Eric Ciotti, colistier de Valérie Pécresse, entre autres, qui a confirmé qu'il ne voterait pas pour Emmanuel Macron au second tour. «Je ne donnerai aucune consigne de vote par respect envers les Français, mais je ne voterai pas Emmanuel Macron, qui a failli», a-t-il déclaré le 10 avril sur TF1.

Il en va de même pour le député LR Julien Aubert, qui refuse de suivre la ligne dictée par la direction de son parti. «Je ne voterai pas pour Emmanuel Macron», a-t-il confirmé le 10 avril sur BFMTV.

Quant au maire de Châlons-sur-Saône et vice-président national des Républicains, Gilles Platret, il se refuse de choisir entre ce qu'il estime être «la peste et le choléra», et appelle donc à «voter blanc» au second tour.

Une situation financière critique

Si le désastre électoral a divisé les rangs LR, la situation financière est également critique. N’étant pas parvenue à obtenir les 5% de suffrages exprimés pour obtenir le remboursement de sa campagne, Valérie Pécresse a dû se résoudre à lancer un appel aux dons pour renflouer les caisses du parti.

Ayant besoin de 7 millions d’euros «pour boucler le budget de la campagne», elle a affirmé que «les Républicains ne [pouvaient] pas faire face à ces dépenses» tout en précisant qu’elle s’était «endettée personnellement à hauteur de 5 millions d’euros». «C’est pour cela que je lance ce matin un appel national aux dons, à tous ceux qui m’ont apporté leurs suffrages, mais aussi à tous ceux qui ont préféré hier le vote utile, et enfin à tous les Français qui sont attachés au pluralisme politique et à la liberté d’expression», a-t-elle notamment lancé.

Alors qu’ils échouent pour la deuxième fois consécutive à être présents au second tour de l’élection présidentielle, Les Républicains semblent connaître un sort critique déjà visible par l’absence de dynamique tout au long de la campagne qui s’était illustrée par une baisse continue dans les sondages.