France

Perquisition dans les bureaux de Jean-Marie Le Pen : l'intéressé demandera «réparation»

L'ex-président du Front national Jean-Marie Le Pen, dont les bureaux faisaient l'objet mercredi d'une perquisition, a formellement démenti avoir «transgressé la loi», préférant dénoncer «une violence judiciaire injustifiée» venant du pouvoir.

Les enquêteurs ont perquisitionné mercredi les bureaux de Jean-Marie Le Pen à Saint-Cloud (Hauts-de-Seine), dans une affaire portant notamment sur des faits supposés de blanchiment de fraude fiscale, ont annoncé à l'AFP plusieurs sources judiciaires et proches du dossier.

Dans un communiqué, l'ex-président du Front national a démenti «une nouvelle fois» avoir transgressé la loi «de quelque façon que ce soit», ajoutant que les «investigations qu'[il] subit le démontreront». 

Le «menhir» s'est ensuite indigné de «cette violence judiciaire injustifiée», assurant qu'il était «l'objet de l’attention minutieuse, voire inquisitoriale, des agents du fisc depuis des dizaines d’années».

Il n'a pas manqué de fustigé les détracteurs du parti qu'il a créé en déclarant «comme toujours, sous la gauche comme sous la droite, il semble que le calendrier électoral commande les actes de procédure si possible médiatiques».

Dans un second communiqué arrivé en fin d'après-midi mercredi, Jean-Marie Le Pen a fait état «de méthodes dignes d'un Etat policier qui visent à persécuter sans cause un parlementaire d’opposition comme s’il était un délinquant, à l’orée des élections régionales», ajoutant qu'il n'était «d'ailleurs pas candidat» à ces élections.

Le chatelain de Montretout affirme que «le pouvoir a fait procéder à une série de perquisitions à [son] domicile et à [ses] bureaux, avec des effectifs policiers très importants», le tout en «tirant profit de [son] départ annuel en vacances d’hiver».

Ne souhaitant pas s'arrêter à ces déclarations, Jean-Marie Le Pen a fait savoir qu'il demandera «évidemment réparation des violences et des dommages moraux et matériels» que subissent selon lui sa famille, ses proches ainsi que lui même. 

Ces soupçons qui pèsent sur le Menhir

Jean-Marie Le Pen est visé depuis le 24 septembre par une plainte du fisc pour fraude fiscale aggravée. En cause, un compte caché en Suisse dont l'intéressé nie être le bénéficiaire, objet d'un signalement de la cellule antiblanchiment de Bercy (Tracfin) qui a déclenché en juin une enquête préliminaire.

Désormais l'enquête menée par le parquet national financier (PNF) ne concerne plus uniquement des faits présumés de blanchiment de fraude fiscale et de déclaration mensongère de patrimoine, mais également de la fraude fiscale aggravée, une plainte de ce chef ayant été déposée par la direction des finances publiques des Hauts-de-Seine contre Jean-Marie Le Pen et son épouse Jany, comme l'a annoncé à l'AFP une source judiciaire.

Après avoir analysé des locaux situés à Saint-Cloud, les enquêteurs ont non seulement perquisitionné l'ex-domicile de Jean-Marie Le Pen, situé à Rueil-Malmaison, mais également son domicile actuel à La Celle-Saint-Cloud ainsi que celui de son assistant personnel Gérald Gérin, a appris l'AFP auprès de ce dernier. A l'instar du couple Le Pen, Gérald Gérin est la cible d'une plainte du fisc pour fraude fiscale aggravée.

Fin avril, le site d'information Mediapart avait révélé le signalement de Tracfin évoquant un trust géré à Genève (Suisse), dont l'ayant droit serait l'assistant personnel de Jean-Marie Le Pen. Selon ce signalement, le trust comprendrait un compte abondé à hauteur de 2,2 millions d'euros, dont 1,7 million sous forme de lingots et de pièces d'or.

Dans son signalement, Tracfin mentionne l'existence d'un trust basé aux Iles Vierges britanniques et géré à Genève (Suisse) pour le compte de Gérald Gérin, selon une source proche du dossier interrogée par l'AFP. Selon cette source, le compte aurait été clos en 2014 et les fonds transférés dans une banque aux Bahamas.

La Commission pour la transparence financière de la vie politique (depuis devenue Haute autorité, HATVP) avait également fait un signalement sur la déclaration de patrimoine de 2014 de Jean-Marie Le Pen, lié à ce compte.

L'homme avait admis en 2013 avoir détenu un compte en Suisse ouvert à l'UBS en 1981, affaire déjà évoquée par le passé. Il avait alors parlé d'une opération d'emprunt pour sa société de disques de l'époque, la Serp.

S'agissant d'un trust géré à Genève, l'ex-leader du Front national avait démenti en avril dernier toute implication: «Je le nie. Ce n'est pas parce que Mediapart dit quelque chose que c'est une vérité évangélique».