L'animatrice de M6 Ophélie Meunier et un jeune homme originaire de Roubaix, Amine Elbahi, ont été placés sous protection policière après avoir reçu des menaces à la suite d'un reportage de l'émission «Zone Interdite» sur l'islamisme, a-t-on appris le 29 janvier de source policière.
Selon cette source, cette protection est assurée par le SDLP, un service spécifiquement chargé de protéger les personnalités. Sollicitée par l'AFP, M6 a fait savoir qu'elle préférait «ne faire aucun commentaire pour l'instant».
La diffusion le 23 janvier du reportage, en partie consacré à l'islamisme dans la ville de Roubaix, avait provoqué une vive polémique sur les réseaux sociaux et les chaînes d'information en continu, faisant réagir jusqu'au ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, à l'Assemblée nationale.
«Ce que j'ai dit dérange. Je dois avoir visé juste au regard des menaces» reçues depuis la diffusion, a réagi auprès de l'AFP Amine Elbahi, qui apparaît dans l'émission à visage découvert.
Originaire de Roubaix, Amine Elbahi avait alerté la préfecture du Nord en octobre 2020 sur une association de la ville, «Ambitions et initiatives pour la réussite» (AAIR), qu'il suspectait de dispenser des «cours coraniques» sous couvert de soutien scolaire, en bénéficiant de subventions publiques, notamment municipales. Le jeune homme a déposé plainte le 28 janvier après avoir reçu de nombreuses menaces sur les réseaux sociaux, notamment Twitter, mais aussi des SMS, des messages WhatsApp, ainsi que des enregistrements vocaux «constatés par huissier», selon son avocat, Me Jean Tamalet.
Amine Elbahi est notamment qualifié de «kouffar» (mécréant en arabe) et «on lui dit qu'il va être décapité et égorgé», souligne l'avocat. «On ne laissera pas passer une seule menace. On déposera plainte contre toute personne menaçant ce monsieur», a déclaré Me Jean Tamalet à l'AFP.
L'alerte lancée par Amine Elbahi a abouti à une enquête du parquet. Le maire DVD de Roubaix, Guillaume Delbar, et trois membres de l'association doivent comparaître mardi devant le tribunal correctionnel de Lille, le premier pour détournement de fonds publics «par négligence», les autres pour «abus de confiance». Guillaume Delbar s'est lui aussi dit victime d'un «déferlement de haine et de menaces» depuis l'émission. Regrettant d'être devenu «une cible vivante», il a annoncé son intention de porte plainte.