75% de grévistes, et la moitié des écoles fermées : c'est ce qu'a prévu le Snuipp-FSU, premier syndicat du primaire, pour la journée du 13 janvier, dans le cadre d'une mobilisation nationale contre le protocole sanitaire mis en œuvre dans les établissements scolaires. Les multiples changements et aménagements des règles à appliquer, ainsi que les méthodes de communication de Jean-Michel Blanquer, qui a présenté la première version par voie de presse le 2 janvier, ont entraîné un fort mécontentement, sans oublier des files d'attente interminables devant les pharmacies pour réaliser des tests pour les enfants.
A tel point que 11 organisations syndicales et de parents d’élèves (FSU, UNSA, FO, CGT Educ'action, SNALC, SNE, SUD Education, la fédération de parents d’élèves FCPE, ainsi que des organisations lycéennes) appellent à la grève le 13 janvier. «Depuis la rentrée de janvier, l'épuisement et l'exaspération de toute la communauté éducative atteignent un niveau inédit», écrivent les signataires, en affirmant que «la responsabilité du ministre et du gouvernement dans cette situation chaotique est totale du fait de changements de pied incessants, de protocoles intenables et d'absence de moyens donnés pour assurer le fonctionnement de l'Education».
Dans un communiqué intitulé «Mon école va craquer», le Snuipp-FSU affirme que «le ministre se vante de maintenir les écoles ouvertes pour habiller son choix politique de faire de l’école une forme de "garderie", pour permettre aux parents d’aller travailler, au mépris de la santé des personnels, de celle des enfants, de leurs familles». Le Premier ministre Jean Castex a, lui, annoncé le 10 janvier sur France 2 un assouplissement du protocole sanitaire, avec un passage à trois simples autotests pour les cas contact à l'école, sans obligation de test antigénique ou PCR, mais son intervention a été sans effet sur le maintien de la grève du 13 janvier. De plus, en déclarant le 11 janvier qu'«on ne fait pas une grève contre un virus» et en appelant les enseignants« à l'unité», le ministre de l'Education n'a pas calmé le jeu.« Les enseignants obéissent à Jean-Michel-Banquer : ils seront unis dans la grève jeudi !», a vivement réagi sur Twitter la secrétaire générale du Snuipp, Guislaine David.
Loin de ne concerner que les seuls enseignants, le mécontentement s'est étendu à l'ensemble de la communauté éducative : la méthode du ministre de l'Education nationale a aussi suscité l'ire des chefs d'établissements qui ont confié leur désarroi à RT France en incriminant un manque de considération alors qu'ils ont passé «deux années folles» à gérer la crise du Covid dans les écoles. Les inspecteurs d’académie ont aussi annoncé rejoindre le mouvement. «Depuis de très nombreuses années, nous n’avons pas vu un ensemble aussi compact et unitaire de syndicats », a constaté l’historien de l’enseignement Claude Lelièvre dans Libération, soulignant le caractère inédit de «cet ensemble de tous les syndicats du public avec le soutien de l’encadrement».
Le ministre de l'Education a été à nouveau la cible de vives critiques de la part de l'opposition lors de la séance des questions au gouvernement du 11 janvier. «La gestion de la crise sanitaire à l'école [...] a été un fiasco complet», a ainsi attaqué Annie Genevard, députée Les Républicains, en fustigeant une «improvisation permanente» et des «parents qui s'arrachent les cheveux» face aux changements de règles à répétition.
«On ne fait pas grève contre un virus, on fait grève contre un ministre qui fait mal son travail», a souligné pour sa part Christiane Taubira, en dénonçant le «mépris» de Jean-Michel Blanquer. Sur BFM TV, Marine le Pen a quant à elle évoqué le 12 janvier une «maltraitance» à propos de la situation dans les écoles, et affirmé «comprendre parfaitement» la grève des enseignants, tout en préconisant l'abandon du protocole sanitaire face à un variant Omicron trop contagieux pour être contenu.
Des manifestations sont prévues partout en France, dont une à Paris qui démarrera au jardin du Luxembourg à 14h. Au-delà de la colère liée au protocole sanitaire, et au manque de moyens de protection (masques,capteurs de CO2) les organisations appelant à la grève réclament des créations de postes et davantage de remplaçants pour pallier les absences des enseignants touchés par le Covid-19. «Après le 13 janvier, si besoin, il proposera de nouvelles mobilisations unitaires face au mépris gouvernemental, pour la sécurité sanitaire de l'école et le nécessaire recrutement de personnels», a prévenu le Snuipp-FSU.