«Afin de réduire le risque sur la sécurité d'approvisionnement des Français, le gouvernement envisage d'assouplir les conditions de fonctionnement des centrales à charbon sur la période hivernale en cours», a expliqué le 5 janvier le ministère de la Transition écologique, ici cité par l'AFP.
Le gouvernement assure toutefois qu'il entend respecter le calendrier de fermeture des deux dernières installations à charbon du pays.
Le ministère a mis en consultation jusqu'au 20 janvier un projet de décret permettant de relever temporairement le plafond d'émission de CO2 des centrales électriques. Ce plafond avait été fixé par la loi énergie-climat de 2019, actant l'arrêt progressif de la production à partir de charbon, déjà très marginale.
La mesure envisagée «sera strictement limitée aux mois de janvier et de février 2022 [et] ne change pas le calendrier de fermeture des centrales à charbon», précise le gouvernement.
Le président Emmanuel Macron avait promis de fermer d'ici 2022 les dernières centrales à charbon – facilement mobilisables pour produire de l'électricité en cas de besoin, mais aussi très émettrices de CO2 néfaste pour le climat. La centrale de Cordemais (Loire-Atlantique) pourra continuer de fonctionner jusqu'en 2024, malgré la promesse présidentielle, en raison du risque de tensions sur le réseau, le temps que le réacteur nucléaire EPR de Flamanville (Manche) entre en service. Le 5 janvier, la France ne produisait que 1% de son électricité avec du charbon, loin derrière le nucléaire (69%), l'hydraulique (12%), l'éolien (10%) ou encore le gaz (6%), selon les données de RTE.
Un parc nucléaire français diminué
Une telle décision survient alors que l'approvisionnement électrique du pays est particulièrement sous tension cet hiver à cause d'une faible disponibilité du parc nucléaire, qui fournit environ 70% des électrons en France. Le gestionnaire du réseau à haute tension RTE a relevé son «niveau de vigilance» pour le mois de janvier. En effet, l'électricien EDF a dû fermer plusieurs réacteurs nucléaires, notamment pour procéder à des opérations de maintenance. «Le parc nucléaire n'a jamais été aussi peu disponible. Sur les 56 réacteurs dont la France dispose, 15 sont à l'arrêt en ce moment», relevait à ce sujet Europe 1 fin décembre.
Par ailleurs, l'affaiblissement de l'industrie nucléaire française s'est matérialisé par la fermeture de centrales sur le territoire national, comme en témoigne l'exemple de Fessenheim, dont RT France avait analysé les enjeux à l'été 2020.
Au cours de l'hiver qui avait suivi, la France s'était vue contrainte de recourir aux importations d'éléctricité depuis l'Allemagne pour combler ses besoins en énergie.
«Les politiques de sobriété énergétique et les importations d’électricité risquent de ne pas suffire à compenser la baisse de production [nucléaire], RTE n’exclut pas des coupures de courant si nécessaire», note en ce début d'année France info.