Trois maires expriment leur «désarroi» face au crack à Paris, en lançant le 22 décembre une pétition à destination d'Emmanuel Macron. Ces élus socialistes (PS) du XIXe arrondissement de Paris François Dagnaud, de Pantin Bertrand Kern ainsi que l'édile UDI d'Auberviliiers, Karine Franclet, ont conjointement écrit un texte intitulé : «Face au crack, il est temps de mettre en place une politique qui honore la République.»
Ils constatent d'abord que le transfert d'environ 200 usagers du crack et dealers des jardins d'Eole au square de la Porte de la Villette le 24 septembre, dans le nord de Paris, s'est réalisé «en proximité directe avec les communes d’Aubervilliers et de Pantin». «Personne parmi les élus locaux n’avait été jugé digne d’être informé de cette décision et toutes et tous ont été mis devant le fait accompli», dénoncent-ils.
«Le mur construit en quelques heures pour éviter le passage est devenu le symbole de la gestion absurde des consommateurs de crack», ajoutent ces responsables politiques en faisant référence à la construction d'un rempart entre Pantin et la capitale afin de contenir les flux de toxicomanes. Ils notent en outre que «45 jours après ce "déplacement", Monsieur le préfet de police de Paris lors de son passage sur BFM TV a qualifié cette situation "d’inhumaine"». «Tout était dit», appuient les trois signataires.
Ceux-ci rappellent au chef d'Etat que «depuis trois mois, des riverains, des commerçants, des collectifs, des élus interpellent le gouvernement sans aucune réponse». «Alors que le ministre de l’Intérieur avait promis que cela devait durer "quelques heures, quelques jours"», assurent-ils.
«Au nom de la République»
Leurs griefs sont nombreux : il estiment en outre que la situation «est tragique parce qu'il est inadmissible dans un pays riche comme l'est la France en 2021, que la seule solution au trafic de crack soit de laisser un "grand cimetière sous la lune" à côté du périphérique, à côté d’un quartier les plus pauvres de France». Les élus invoquent d'ailleurs le droit pour obtenir une réponse positive de l'Elysée : «Nos villes, nos territoires, nos départements, nos régions, n’ont ni les moyens ni les compétences de piloter les politiques de santé publique indispensables face à la toxicomanie ni de venir à bout des trafics. C’est à l’Etat de le faire. Au nom de la République.»
Face à l'absence de réponse des autorités compétentes, ils formulent donc un appel en guise de conclusion : «Vous seul, Monsieur le président de la République, avez l'autorité pour impulser et imposer une coordination des acteurs, mettre fin à cette honte et mettre en place un modèle français de sortie du crack.»