France

Suspension d'un enseignant à Sciences Po Grenoble : 40 personnalités interpellent Frédérique Vidal

Plusieurs dizaines de personnalités se sont adressées à la ministre de l'Enseignement supérieur après la suspension de Klaus Kinzler par Sciences Po Grenoble. «La liberté d'expression des universitaires est en péril», écrivent-ils notamment.

Dans une tribune collective publiée dans Le Figaro le 21 décembre, une quarantaine de personnalités, la plupart des universitaires, alertent la ministre de l'Enseignement supérieur, Frédérique Vidal, après la suspension par Sciences Po Grenoble du professeur d'allemand Klaus Kinzler, pour des propos jugés «diffamatoires» émis dans les médias.

Cet enseignant avait été accusé d'«islamophobe» fin 2020 par des étudiants et syndicats pour avoir critiqué l'islam et contesté la scientificité du terme «islamophobie». Violemment pris à partie sur les réseaux sociaux, Klaus Kinzler s'était alors défendu dans les médias en décrivant l'IEP comme un institut de «rééducation politique», accusant un «noyau dur» de collègues, adeptes selon lui des théories «woke», d'endoctriner les étudiants, et la direction de l'IEP de laisser faire.

Parmi les signataires en soutien au professeur, on retrouve l'ancien chercheur au CNRS Pierre-André Taguieff, le philosophe Pascal Bruckner, ou l'Observatoire du décolonialisme et des idéologies identitaires.

«La situation à l'IEP de Grenoble et les poursuites engagées contre notre collègue Klaus Kinzler démontrent, s'il en était besoin, que la liberté d'expression des universitaires, de même que leur liberté académique dans le cadre de leur enseignement et de leur recherche, libertés dont vous êtes la première garante, sont en péril dans notre pays», écrivent-ils en introduction à l'attention de Frédérique Vidal.

Ils constatent ainsi «avec gravité» que Klaus Kinzler «est menacé de mort pour [une] prétendue "islamophobie"».

Ils rappellent également à la ministre que celle-ci s'était précédemment «émue de l'extension dans l'Université» de ce qu'elle nommait elle-même comme «l'islamo-gauchisme», promettant d'ailleurs un rapport sur la question, qui «n'a toujours pas vu le jour».

«Intimidation», «autocensure», «entreprise de formatage et de propagande» dans l'université

Ils affirment en outre que «le pluralisme de l'enseignement et de la recherche est contrecarré par des manœuvres d'intimidation, et donc par l'autocensure croissante de nos collègues, en particulier des plus jeunes, puisque leur carrière en dépend», ajoutant qu'«un nombre croissant d'étudiants font part de leur inquiétude devant ce qu'ils ressentent comme une entreprise de formatage et de propagande».

«Notre question est simple : que comptez-vous faire précisément, Madame la ministre ?», concluent-ils sous forme de question.