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Meurtre de Khashoggi : le Saoudien arrêté en France a été libéré après méprise sur son identité

Des vérifications d'identité ont confirmé que le ressortissant saoudien arrêté le 7 décembre à Roissy n'était pas en lien avec l'assassinat du journaliste saoudien Jamal Khashoggi. L'homme a été remis en liberté le 8 novembre.

C'est la fin de l'imbroglio autour d'un ressortissant saoudien arrêté le 7 décembre en France : des vérifications sur son identité ont confirmé que l'homme en question n'était pas en lien avec l'assassinat du journaliste saoudien Jamal Khashoggi en 2018 à Istanbul. Par conséquent, il a été remis en liberté ce 8 décembre.

L'homme avait été interpellé par la police aux frontières à l'aéroport de Roissy Charles-de-Gaulle «sur le fondement d'un mandat d'arrêt international émis par les autorités judiciaires turques le 5 novembre 2018 dans le cadre de l'assassinat du journaliste Jamal Khashoggi et à la suite de la diffusion d'une notice rouge d'Interpol», a précisé le procureur général de Paris Rémy Heitz dans un communiqué. «Les vérifications approfondies relatives à l'identité de cette personne ont permis d'établir que le mandat ne s'appliquait pas à elle», a-t-il ajouté, précisant qu'«il a été remis en liberté».

Au moment de son passage au contrôle dans la matinée du 7 décembre alors qu'il s'apprêtait à prendre un vol pour Ryad, le Saoudien avait présenté un passeport au nom de Khaled al-Otaibi et la notice rouge d'Interpol s'était activée, avait expliqué une source proche du dossier.

«Une homonymie quasiment parfaite»

«C'est une homonymie quasiment parfaite», a expliqué le 8 décembre à l'AFP une proche du dossier. Selon cette source, «les fiches de recherche recoupées correspondaient au profil d'al-Otaibi, même mois, année et lieu de naissance.» «Il y avait une ressemblance physique», a ajouté la source, précisant que «ce sont les éléments judiciaires parvenus de la Turquie qui ont fait libérer cet homme».

Alors que des vérifications sur son identité étaient diligentées par les autorités françaises, l'ambassade d'Arabie saoudite à Paris avait assuré le 7 décembre au soir que «le citoyen en question n'a[vait] aucun lien» avec l'assassinat de Jamal Khashoggi et exigé sa «libération immédiate». Une source appartenant aux services de sécurité saoudiens avait affirmé le même jour que «le véritable Khaled al-Otaibi et tous les accusés dans cette affaire sont emprisonnés au sein du royaume» saoudien. «Il y a des centaines de Saoudiens qui portent ce même nom», avait-elle souligné.

La plupart des noms des accusés présents au procès n'ont pas été divulgués

Le journaliste saoudien Jamal Khashoggi, avait été assassiné en Turquie en 2018 par un commando dépêché depuis Riyad. Depuis, ses proches et des ONG continuent de demander justice. Après avoir nié l'assassinat, Riyad avait fini par admettre qu'il avait été commis par des agents saoudiens ayant agi seuls. A l'issue d'un procès en Arabie saoudite, cinq Saoudiens ont été condamnés à mort et trois condamnés à des peines de prison, des peines capitales qui ont depuis été commuées. Trois personnes ont été acquittées, dont l'un des principaux collaborateurs du prince Mohammad Bin Salman, le chef adjoint du renseignement Ahmed al-Assiri.

La presse étrangère avait été interdite de couvrir ce procès. Néanmoins, des diplomates turcs et des Etats membres permanents du Conseil de sécurité des Nations unies – Grande-Bretagne, Chine, France, Russie et Etats-Unis – avaient été autorisés à y assister, en tant qu'observateurs. La plupart des noms des accusés n'ont pas été divulgués jusqu'à présent, ce qui pourrait expliquer que la notice rouge non publique d'Interpol ait été toujours active. Sollicitée par l'AFP, l'organisation de coopération policière, basée à Lyon, a renvoyé l'agence de presse vers les autorités françaises.

Le 7 décembre, l'organisation Reporters Sans Frontières (RSF) avait rapporté sur son site internet qu'elle avait déposé plainte à Paris en octobre 2019 pour assassinat, torture et disparition forcée, contre Khaled al-Otaibi. «Cette plainte a été classée sans suite par le parquet, en l'absence d'éléments permettant à l’époque d'établir sa présence en France», selon RSF.