Invité sur le plateau de France Info le 13 octobre, Philippe Poutou, candidat du Nouveau parti anticapitaliste (NPA) à la course présidentielle pour 2022, est revenu sur la récente controverse au sujet de l'armement des forces de sécurité intérieure, après les propos controversés d'un élu insoumis à Cachan (Val-de-Marne) .
Le conseiller municipal bordelais anticapitaliste a notamment déclaré : «Dans les quartiers populaires, ce sont une quinzaine de jeunes qui sont tués par la police annuellement [...] La police tue, elle a tué, elle tue , alors après, on peut discuter : assassinat, meurtre ou accident ? Ou bavure ? Une police qui peut tuer, parce qu'en fait, elle est armée, surarmée et elle est dangereuse»
Ces propos ont été repérés par Mathieu Valet du syndicat indépendant des commissaires de police (SICP, rattaché à la CFE-CGC et donc à Alliance) qui les agrémentés du commentaire suivant : «Je ne supporte plus cette minorité qui crache son venin sur les policiers, en nous insultant pour faire le buzz ! J'espère que monsieur Darmanin déposera une plainte pour diffamation contre monsieur Poutou. Ceux qui souillent l'uniforme de la France, ne méritent pas de porter l'écharpe française.»
Le ministre de l'Intérieur a visiblement pris lui-même les devants en portant plainte contre Philippe Poutou, du moins, l'annonce-t-il sur Twitter : «Les propos de monsieur Poutou envers la police sont insultants et indignes d’un élu de la République. Au nom du ministère, et pour défendre l’honneur de tous les policiers, je dépose plainte.»
Interrogé par RT France, le secrétaire général adjoint de l'Unsa-Police, Thierry Clair, a pour sa part dénoncé la déclaration de Philippe Poutou en ces termes : «Ce sont des propos totalement irresponsables qui ne représentent que lui-même [Poutou] et qui sont diffamants. Cela fait partie d'une série depuis avant-hier, ils veulent faire du buzz en tenant des propos graves.»
Et de diagnostiquer : «C'est pour semer le trouble et le désordre. Je pense que Philippe Poutou cherche à exister à travers ces propos. Ne lui donnons pas plus d'importance qu'il ne pèse dans les urnes... Sa représentativité est très faible, même si ces propos sont évidemment condamnables.»
Thierry Clair ajoute encore pour ses collègues fonctionnaires dénigrés par Philippe Poutou : «Les milliers de policiers blessés dans l'exercice de leurs fonctions chaque année, ça c'est une réalité factuelle en revanche. Les interventions difficiles et les atteintes contre les forces de l'ordre qui ont doublé en quinze ans, il s'agit d'une réalité chiffrée, documentée et objective également, ce ne sont pas seulement des propos de plateau télé !»
Egalement interrogé par RT France, Stanislas Gaudon délégué général du syndicat Alliance a annoncé que son syndicat se portait partie civile de la plainte du ministre et a déploré un «concours», une «Palme d'or», voire des «Jeux olympiques» de la «haine anti-flic», s'agissant de la controverse du conseil communal de Cachan ou des propos de Philippe Poutou.
«C'est abject vis-à-vis des milliers de policiers qui prennent des risques tous les jours, et dont 600 sont blessés par une arme chaque année. Quand on a du respect pour la République et ceux qui la protègent, on ne les traîne pas dans la boue de la sorte, juste pour le buzz. Nous espérons que Philippe Poutou sera condamné car ce genre de propos peut avoir aussi un écho sur une certaine jeunesse et c'est extrêmement grave de venir nourrir cette haine anti-policiers, de la légitimer », souligne encore le syndicaliste.
Antoine Boitel